Nombreux sont les acteurs qui aujourd’hui se lancent dans une carrière de réalisateur; le dernier exemple en date est Bradley Cooper dont le premier film fut un succès, aussi bien du côté du public que de la critique. Mais ce n’est pas ce dernier qui est à l’honneur cette semaine, mais bien le jeune acteur français Félix Moati connu pour son rôle dans LOL de Liza Azuelos ou plus récemment dans Le grand bain de Gilles Lellouche. Le jeune français a lui aussi décidé de se lancer dans la réalisation de son premier long métrage avec Deux fils, l’histoire d’un père, Joseph ( Benoît Poelvoorde), qui décide d’abandonner son cabinet médical pour devenir écrivain, et de ses deux fils, Joachim ( Vincent Lacoste) le premier étant sur le point de mettre en péril ses études de psychiatrie à cause d’une rupture amoureuse, et Ivan, le dernier, jeune collégien en pleine crise mystique et en colère contre son père et son frère, ses modèles qu’il voit s’effondrer.
Félix Moati débute donc avec un long métrage intime, parlant de thèmes qui lui tiennent à coeur, la famille et la communication. Le réalisateur montre ici la puissance des liens familiaux au travers de scènes où les uns écoutent aux portes des autres, chacun essayant d’aider l’autre, sans se le dire. Les personnages, au lieu de se parler entre eux, nous parle à nous, public. En effet le réalisateur fait intervenir des personnages très secondaires, qui n’apparaissent qu’une seule fois à l’écran, dont le but est de libérer la parole des protagonistes. Cependant, lorsque cette famille attachante se met à extérioriser ses sentiments, les personnages à l’écoute s’effacent et disparaissent presque du champs pour nous laisser le soin de prendre leur place. Cela renforce l’intimité que l’on a avec “Joseph”, “Joaquim” et “Ivan”. Le besoin de se parler pour pouvoir avancer y est donc primordial. Le message du réalisateur est très clair, la communication dans une famille est la meilleure façon d’avancer dans la vie et de savoir où l’on va. Moati y signe d’ailleurs le scénario, il maîtrise parfaitement son sujet. Il nous pose la question de ce que signifie la paternité, ce que veut dire être un fils et trouver sa place au sein d’une famille où les femmes sont absentes. Il présente des hommes renfermés, montrant la nécessité de communiquer pour vivre en harmonie.
Au delà d’être un film intime voire autobiographique, ce long métrage est marqué par l’empreinte que des réalisateurs comme Woody Allen ou Martin Scorsese ont laissé sur le néo-cinéaste. L’inspiration, qui tend à l’hommage pour Allen, se dessine dès la première scène. Le premier plan du film en est un parfait exemple: on suit les personnages du père et du deuxième fils de dos sur fond de musique Jazz, très apaisante pour se mettre dans l’ambiance du film. Dès lors on ne peut que penser au réalisateur américain qui comme Moati sait mettre en scène des personnages renfermés et incapables de s’ouvrir ( Annie Hall). Le réalisateur français accorde également une importance sur le fait de filmer une ville qu’il apprécie: il tient à mettre en scène la ville non pas comme un simple décor mais comme l’entité à part qu’est Paris à ses yeux; Woody Allen ( Oui, encore lui) l’a également fait dans son film Minuit à Paris, tandis que Scorsese le fait régulièrement avec New-York( Les Affranchis, Mean Streets). Le désir de Félix Moati était donc de faire un film sentimental, à propos de thèmes qui lui sont chers en s'inspirant de réalisateurs qu’il admire.

Cela est déjà une belle réussite pour Moati, le jeune réalisateur signe un long-métrage émouvant, autour de thèmes précis et s’inspirant de grands réalisateurs. Néanmoins, on peut d’ores et déjà dire qu’il a trouvé son style, sa façon de filmer et les sujets qu’il pourrait aborder dans ses futurs projets ce qui est la grande réussite du réalisateur. Le film est également très plaisant de part l’universalité des thèmes abordés, communs à tous. Il s’installe dans la lignée de Woody Allen en nous offrant une comédie qui souffle un vent de fraîcheur sur le cinéma français. On peut se demander si d’ici quelques années, Moati aura atteint une maturité artistique qui lui permettra d’avoir une signature reconnaissable à l’instar de ses idoles.

Queudver98
7
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le 25 mars 2019

Critique lue 381 fois

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