Un court métrage avec Pierre Richard et Jacques Villeret, voilà qui a de quoi séduire, en permettant de revoir ces deux attachantes figures du cinéma français. Voyons voir de quoi il retourne.


D’abord, le film ne manque pas de sel : les deux frères Cérébos ont en effet gagné un voyage par le biais d’un jeu concours. Le souci est que l’un est paraplégique et l’autre aveugle. Et qu’il n’y a qu’une place pour deux. Et qu’ils ne sont pas du genre à la céder à l’autre… Sans rien vous révéler de décisif, je peux d’emblée vous dire qu’il n’y aura pas de miracle.


Ici, le handicap n’est qu’un prétexte, qu’un élément propice aux gags, à l’inventivité des scénaristes : il n’est en fait pas question de handicap mais de cruauté. Quand Pierre Richard dit à Villeret (qui joue l’aveugle) qu’il est noir, c’est hilarant, car c’est platement raciste, complètement stupide car ils sont frères, et ça touche en plein dans le mille car le personnage de Villeret ne pourrait supporter être noir, mais sa cécité ne lui permet pas d’être complètement sûr de ne pas l’être, lui qui vit justement dans le noir, et qui ne semble pas trop apprécier l’humour de la même couleur ! C’est tellement bas qu’il est assez jouissif d’observer ces deux frères se complaire dans la fange dans laquelle ils vivent, manifestement depuis quelques temps.


Un film à prendre donc pour ce qu’il est, une farce. Il ne s’agit en rien de se moquer du handicap, la paraplégie et la cécité des deux personnages sont avant tout au service du scenario et de trouvailles, les particularités physiques des deux gars permettant ici de leur donner des avantages et des possibilités pour exercer leur cruauté à l’encontre de l’autre… Ces frangins sont surtout handicapés par leur haine réciproque, eux qui semblent condamnés à vivre ensemble… Et leur inventivité n'est pas la moindre de leurs qualités.


L’engueulade entre les deux frères peut lasser un moment, il ne fallait pas que ce soit plus long, mais les scénaristes nous proposent en fin de film quelques surprises amusantes. Dialogue de sourds n’est pas toujours très fin, mais il est dans l’ensemble drôle et bien pensé. Un humour noir, craspec comme il faut, avec les insultes les plus nulles qui fusent, mais comme dit l’aveugle, vaut mieux entendre ça que d’être sourd… Voilà, un divertissement sympathique, que l’on doit voir au second degré, évidemment.


Un grand merci à Pat_Monkey de m’avoir guidé vers ce film, que je ne regrette pas du tout d’avoir vu, et que je reverrai plus tard avec plaisir !


A voir ici : https://vimeo.com/13958117

Créée

le 27 févr. 2016

Critique lue 872 fois

9 j'aime

2 commentaires

socrate

Écrit par

Critique lue 872 fois

9
2

D'autres avis sur Dialogue de sourds

Dialogue de sourds
Shamanlemiaou
9

Pierre qui roule quand Jacques aveugle

Deux frères dans un appartement, l'un sur roues, l'autre à la canne blanche. Suite à un concours, l'un des deux partira en voyages, loin de l'autre et de son quotidien qu'on devine merdique dès les...

le 31 juil. 2015

7 j'aime

8

Dialogue de sourds
NєσLαιη
8

Critique by NєσLαιη

Court-métrage de dix minutes avec Pierre Richard et Jacques Villeret. Deux frères handicapés qui après avoir gagner un voyage, seul une personne peut partir. Qui partira ? c'est caustique, c'est...

le 27 févr. 2017

Du même critique

Ma liberté de penser
socrate
1

Ma liberté de tancer

Cette chanson est honteuse, un vrai scandale : il est absolument inadmissible et indécent de tenir de tels propos quand on gagne plusieurs millions d'euros par an, alors que des tas de gens galèrent...

le 11 avr. 2012

170 j'aime

76

La Ligne rouge
socrate
4

T’es rance, Malick ?

La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord. La mise en scène est formidable, la photo...

le 21 sept. 2013

134 j'aime

78

Ernest et Célestine
socrate
9

A dévorer à pleines dents !

Pour tout dire, je ne savais rien de ce film avant d’aller le voir, je craignais une histoire un peu gnangnan pour bambin à peine sorti du babillage. Bref, j’y allais surtout pour accompagner la...

le 10 janv. 2013

133 j'aime

22