Mon père étant très friand de Romero, c'est donc depuis mon plus jeune âge que je baigne dans le bain des morts vivants (ça ferait un bon titre de film tiens). Cinquième volet de la saga des zombies d'après Wikipédia, ça tombe bien j'ai déjà vu les quatre premiers.
Changement de façon de filmer ici, caméra à l'épaule des personnages. Je ne suis vraiment pas fan de ce genre de démarche : ça manque toujours cruellement de cohérence. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que dans la même situation, je mettrais une baigne au mec qui veut filmer pour qu'il arrête et se bouge pour nous aider. Sauf que c'est justement ce point qui est au centre du propos du film, propos qui reste toujours aussi intéressant avec une critique des médias et surtout du comportement humain, le film mettant en exergue la morbidité de ceux qui s'arrêtent pour regarder les accidents au bord des routes sans venir en aider à ceux qui en ont besoin. Ce à quoi on assiste pendant tout le film.
Abordant la même thématique du réalisateur compulsif, je préfère néanmoins largement un ouvrage tel que La Maison des Feuilles, la lecture est bien plus immersive et donne le temps de traiter cette thématique avec bien plus de profondeur, à côté d'autres thématiques (la folie, le labyrinthe, l'objet-livre, le mal-être, vraiment je recommande).
Il faut quand même saluer l'effort de Romero de vouloir plonger le spectateur dans cette ambiance de fin du monde par le point de vue des personnages. On est ainsi pleinement dans le film d'horreurs : jeux d'ombres et de lumière, information partielle, cadre resserré. Et une certaine sobriété dans la mise en scène qui sert bien le film, pas de jumpscare et autres facilités dans lesquelles tombent souvent les mauvaises productions.
C'est vraiment le dernier acte qui vient pour moi sauver le film. La mise en scène y est efficace et tout s'escalade avec beaucoup de maîtrise. La dernière image résume à elle seule toute la démarche du réalisateur et son propos, par l'intermédiaire d'une seule image stylisée et poétique, mais dont Romero n'a pas voulu faire usage pendant le reste du film, préférant aborder ses thématiques de façon crue.
Je me dis que la VF n'a pas dû m'aider à rentrer dans le film, d'autant que j'ai lu sur Wikipédia que les voix des présentateurs télé et radio étaient tous des grands noms du cinéma ou du fantastique : Guillermo del Toro, Simon Pegg, Quentin Tarantino, Stephen King, Wes Craven et Tom Savini bien sûr. Faudra que je le revoie en V.O. un jour.
Puisqu'on est face à un film shaky cam, petit florilège de mes réactions pendant le film (ou comment placer le lecteur d'une critique in medias res) :
-Le flingue a l'air en toc.
-Les zombies en carton qui se font transpercer par n'importe quoi. C'est quand même pas parce qu'on meurt qu'on a le corps qui se transforme tout de suite en mousse.
-"Comme on a pris des routes de campagne on n'a pas rencontré de pillards", entendre "comme on n'a pas le budget on n'avait pas les moyens de mettre en scène des pillards".
-Le coup du personnage qui parle comme un zombie ça commence à bien faire. Ok en fait la scène du vieux fermier est vraiment drôle avec son "Hello I am Samuel" après avoir tirer son bâton de dynamite.
-Money shot identifié : la scène où le zombie se fait fondre le cerveau avec de l'acide.
-"C'est beaucoup plus facile de nous donner ce qu'on veut que de nous tuer"... euh non.
-Oh regardez une alarme pour attirer tous les zombies de la Virginie occidentale.
-Et sinon vous pouvez arrêter de filmer et l'aider ?
-"Sauf que eux, c'était nous"
-Oh le prélude op 28 n°15 de Chopin, +1 de moyenne.
-Euh mec ça fait trois jours que t'as gardé tes haillons de momie sur toi ?