Die Hard 4, c'était déjà pas top. Justin Long qui tentait de relever un peu la sauce buddy movie, Bruce Willis qui se la jouait vétéran de guerre après avoir tué toute la famille Gruber dans les précédents opus et un terrain de jeu qui s'était agrandi à tout un état - et, du même coup, s'était vachement dilué. Dans ce nouveau métrage, John McLane va se rendre à Moscou, où Jack, son fils bodybuildé, s'est retrouvé en prison pour avoir tué un méchant mafieux lambda russe. Résultat, papa McLane va sortir son p'tit fils du pétrin, dans une mémorable aventure qui vous rappellera assurément "La Dernière Croisade". Rien de moins. Mais si, je vous jure. Mince, vous êtes de moins en moins crédule en fait...

La question que l'on peut se poser durant tout le film - et à laquelle le métrage n'ose pas trop répondre - demeure encore un mystère et il faudra interroger certainement les pontes de la Fox pour le savoir mais... alors, devant cette "oeuvre" qui n'a, des premiers Die Hards, ni l'humour, ni l'action, ni le script, pourquoi avoir malgré tout tenu absolument à franchiser tout ça "Die Hard" et à nommer son personnage central "John McLane" alors que l'incarnation de Bruce Willis dans le présent film n'a rien d'un John McLane, pas même vieillissant, on dirait, au mieux, une espèce de clown triste pas très drôle. Au mieux, on pourrait croire à un personnage d'Adam Sandler débarqué par erreur dans un téléfilm d'action allemand. On en est là.
Jai Courtney avait prouvé, dans "Jack Reacher", que les personnages simples et sans envergures étaient parfaits pour lui, et que l'intérêt de sa participation était inversement proportionnel au temps passé à l'écran. Du coup, il est fatalement plus que mauvais dans ce film et passe complètement à côté de ce qui faisait de John un mec si attachant : John, c'est le dude. Ce n'est pas un putain de super héros sévèrement burné et boosté aux stéroïdes, c'est un flic de New York avec son obstination et son bon sens pour toute arme. Et un berretta. Très important, le berretta. Jai, lui, c'est le super guy de la CIA, surentraîné, surarmé, surpréparé, sur-tout-un-tas-de-choses que n'étaient absolument pas John. Pas une fibre d'empathie n'échappe de ce gars parce qu'il est un agent envoyé sur place. Là où John, c'était le mec au mauvais endroit, au mauvais moment. Cela dit, si Jack n'a vraiment pas l'envergure de prendre la suite de son père, il faut avouer que ce dernier n'en mène pas large. Dans ce nouveau "Die Hard", John est aux fraises : Bruce Willis semble avoir pris le parti de ne bouger que le moins possible, ce qui donne des scènes d'action où il est honteusement statique (dans le QG de la CIA avec des soldats lolant qui entrent en file indienne pour mourir sous ses balles). Il n'utilise même pas de berretta. Une honte.
Et l'unité de lieu, hein ? Chère à la franchise, le lieu était important, du temps où l'on parlait encore de Die Hard comme d'une trilogie. D'ailleurs, même "une journée en enfer" l'avait très bien compris, au point que dès que l'intrigue quittait Manhattan, le film subissait une sérieuse baisse de rythme. Et voilà, il fallait suivre l'exemple de ses aînés : déjà le quatrième opus avait tenté d'étendre encore le paysage et le film en avait sérieusement pâti, le cinquième s'est dit "fuck off, je do what je want, maman fucker !". Résultat : ben de la merde, pardis. Tout le monde court dans tous les sens, les personnages sont un peu transportés d'un lieu pas terrible à un autre, rien dans les décors n'a l'air inspiré, ni même enthousiaste. On aurait au moins pu espérer des scènes d'action grandiloquentes, qui tâchent un peu mais même le passage sur le périph' moscovite touche rapidement à ses limites. Du coup, on se dit que peut-être le métrage va se rattraper côté gunfight, avec des confrontations à l'arme à feu un peu pêchues. Tourne les talons, fan de films d'action des années 80, là, c'est le minimum syndical. Pas un coup de feu n'est tiré pour toucher. Pas même pour tuer le lieutenant fan de claquettes faussement bad ass et relou. Mais pourquoi s'inflige-t-on ça ?

Conclusion : un acteur principal qui n'a aucune envie de faire le job, un script à la rue, un personnage de fiston transparent et un réalisateur maladroit. Vous secouez le tout, vous mettez "Die Hard" dessus et vous croisez les doigts pour faire du fric. Bienvenue à Hollywood, mécréant.
0eil
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