Fonda, ce Père en chemin.
Suite au succès de la chevauchée fantastique, John Ford et Merian C. Cooper créent leur propre société de production : Argosy Pictures et tournent Les Hommes de la mer, en 1940.
Sept ans plus tard, ils partent tourner au Mexique leur second film pour la compagnie, Dieu est mort, adaptation de la Puissance et la Gloire de Graham Greene.
Dans un pays fictif d'Amérique centrale, une révolution entraîne l'interdiction de la religion catholique et la chasse des prêtres. Au bout de cinq années, un seul prêtre reste en cavale dans le pays, joué ici par Henry Fonda et l'armée cherche toujours à mettre la main dessus.
Par goût personnel et aussi un peu par un orgueil déplacé, Ford a toujours prétendu adorer ce film, le plaçant très haut parmi ses préférés. Henry Fonda, lui, a toujours détesté ce film.
De l'oeuvre de Graham Greene, le scénario, pour le reste assez fidèle, enlève tout ce qui pourrais choquer les ligues de vertus. Nulle place pour le doute permanent et l'ambiguité habituels chez l'auteur, reste donc une hagiographie, assez belle esthétiquement, mais qui manque cruellement d'épaisseur.
L'humour habituellement présent chez Ford manque terriblement, son sens du rythme aussi. Restent de très belles scènes, dont une pour chercher du vin de contrebande, de beaux plans et Fonda qui a tellement la tête d'un prêtre qu'on se demande comment il fait, au milieu de tous ces Mexicains, pour ne pas se faire arrêter tout de suite...
Que les amateurs de Ford se rassurent, l'insuccès public du film ne sonnera pas le glas de la société de production. L'année suivante, la fameuse trilogie de la cavalerie commencera, avec un magnifique Massacre de Fort Apache qui renverra ce film là dans les limbes de l'histoire.