Bien que le sujet fasse penser à African Queen, du même Huston, Dieu seul le sait est la rencontre entre un homme et une femme que tout oppose. Lui est un soldat survivant d'un sous-marin échoué, elle une religieuse sur le point d'entrer dans les ordres. Ils sont seuls sur une île surveillée par les Japonais, mais le mot amour n'est pas prononcé pour la bonne raison que c'est impossible entre eux. Elle, à cause de sa vocation, et lui parce que c'est un Marine, il y a donc une incompatibilité alors qu'on voit bien qu'ils sont liés, attachés, notamment lors de la première scène dans la grotte.
C'est ce qui fait le sel de ce film, que j'ai trouvé à la fois touchant et où on sourit devant les facéties de Robert Mitchum, le voile allait très bien à Deborah Kerr. C'est essentiellement un film à deux personnages, bien qu'à un moment donné les Japonais arrivent sur l'île, qui sont plus comme des silhouettes. Il y a peut-être un abus de nuits américaines, mais qu'est-ce que c'est bien filmé. Le talent de Huston est de filmer ça comme des péripéties, et là où on aurait pu s'attendre à une romance improbable, elle est toujours sur le fil du rasoir, où la vision de Robert Mitchum n'est pas sans provoquer quelques émois chez la jeune femme, mais là non plus, il ne se passera rien. Y compris dans le seul moment où elle apparait sans son voile.
Le film est peut-être méconnu dans la (grande) carrière de Huston, mais rien que pour ces deux acteurs, et l'aisance qu'il a à flirter avec un sujet licencieux, c'est à voir !