Discount par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique remaniée le 10 novembre 2021


Critique remaniée le 8 novembre 2021La situation n'est pas pas des plus sereines dans le discount au sein duquel travaille un groupe de six employés qui va apprendre une bien mauvaise nouvelle: l'arrivée des caisses automatiques. Sofia Benhaoui, la responsable du magasin, se charge de leur faire savoir que les cinq personnes concernées par ce changement vont devoir quitter leur emploi. Pour eux c'est bien évidemment la catastrophe. Toutefois il arrive parfois qu'en de pareils cas, un éclair surgit. Ces employés au chômage vont avoir l'initiative lumineuse de détourner des lots de produits afin de les revendre nettement moins chers à la population démunie des environs. Néanmoins l'opération demande beaucoup d'organisation et de discrétion afin de ne pas alerter les gérants du discount...


Cette sacrée directrice de la grande surface est devenue l'ennemie intime des cinq salariés qui gagnaient un salaire déjà assez chiche. Bien entendu elle n'est que le bouc émissaire d'une société où le profit écrase le social. Personne n'est sûr à notre époque de son devenir, chacun exécute les ordres d'en haut en espérant échapper à l'une des prochaines brouettes.
Certains tombent dans le plus profond désespoir. A partir d'un certain âge il est plus difficile encore de se "recaser" dans un emploi. D'autres envisagent la situation en organisant des équipées nocturnes afin de chiper des denrées non périmées pour les revendre dans un lieu secret à prix très réduits à des petites gens. Ceux-ci retrouveront ainsi le modeste bonheur de manger à leur faim et de rencontrer leurs semblables.Ils en profiteront pour engranger de l'enthousiasme et enfin rire un peu. Cet instant d'insouciance pour ces personnes qui n'ont pas connu de tels moments depuis bien longtemps est un bonheur inestimable.


Le bonheur est aussi dans le cœur de nos reines et rois de la débrouillardise qui ont la fierté de rendre un grand service "solidaire" tout en espérant faire un tort énorme à cette entreprise qui les a lâchement laissés sur le bord de la route. L'idéalisme et le bonheur auront-ils raison de ce rouleau compresseur qui permet à la population d'acheter ce qu'elle désire et profiter également des soi-disant promotions? Et puis, les puissants ont les moyens de tout savoir, alors la discrétion et l'astuce deviennent le nerf de la guerre.


Premier film de Louis-Julien Petit et je serais tenté de dire première réussite. Jamais ce film n'entre dans le drame ni dans la caricature, bien au contraire. Il y a bien entendu quelques points un peu trop appuyés mais on reste suspendu à cette démarche d'un personnel sacrifié et qui ne pense qu'à une vengeance utile et intelligente. Et puis, malgré le sujet, on rencontre une certaine joie de vivre.
Sous le poids de leurs difficultés quotidiennes on croise ici des gens tout simplement heureux car on s'occupe enfin d'eux. Ils réapprennent à sourire et à parler aux autres avec des propos pour une fois optimistes. Ils vont enfin pouvoir vivre à leur faim et retrouver une dignité que beaucoup avaient perdu. Tout cela le réalisateur le décrit avec efficacité et beaucoup de tendresse.


Les acteurs sont tous sans exception bien dans leur rôle. On sent qu'ils sont vraiment investis et dégagent une gaieté ambiante. On retrouve ainsi Zabou Breitman en vilaine directrice départie du sens de l'humanité et peut-être, elle aussi, un beau jour sur un siège éjectable. Face à elle nous suivons avec beaucoup de plaisir nos "justiciers", maîtres du "discount alternatif": Corinne Masiero, Sarah Suco, Olivier Barthélemy, Pascal Demolon, M'Barek Belkouk, tous plus vrais et impliqués que nature.


C'est donc avec une certaine curiosité que j'attends de voir la seconde réalisation de Louis-Julien Petit car il m'a vraiment fait passer un très agréable moment au sein de cette lutte entre le "pot de terre" et le "pot de fer" sans jamais tomber dans le misérabilisme et cela, ce n'est pas chose facile.


Box-Office France: 265 864 entrées


Ma note: 7/10

Grard-Rocher
7
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le 18 août 2017

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