J’apprécie particulièrement les films qui se servent de l’histoire pour donner à un récit déjà original, qui se plaît à souligner les enjeux humains qui sortent des sentiers battus en pareilles circonstances. Ici, il s’agit donc d’une histoire d’amour saphique, initié par la dangerosité de la situation, et par la suite entretenu par Janina et ses mensonges. Au-delà de son simple postulat, c’est la limpidité des enjeux qui fait la force de In Hiding. Les enjeux sont simples (privée de son père, Janina se replie sur le seul univers qui lui reste, qu’elle tient à protéger de tout, et surtout de l’extérieur), et l’excellent jeu des actrices leur donnent corps avec aisance. Quoi de plus normal que de chérir ce qu’on n’a pas encore perdu, qui dépend encore de nous et dont la présence est d’un grand réconfort. Mais la gentillesse d’Ester et sa proximité sont aussi des moyens de survivre (d’une façon similaire aux signes cathos dans Black book que Rachel reproduisait pour faire plaisir à ses hébergeurs). D’ailleurs, elle ne cache pas ses envies de partir en Russie une fois le conflit terminé. Une crainte intolérable pour Janina, qui sait la séparation avec sa dernière présence inévitable. D’où le mensonge, prenant corps à la moitié du film. Les enjeux conservent leur limpidité tout en se diversifiant (les effets de la captivité sur Ester, l’attachement de plus en plus envahissant de Janina, les enquêtes communistes sur la présence d’autres personnes dans l’appartement et la perspective de le nationaliser…). Sans virtuosité, mais avec une mise en scène sobre tout à fait appropriée, In Hiding se révèle être un beau drame amoureux, qui part sur le postulat intéressant d’un Good Bye Lenin en mode captivité soumise. Avec quelques rebondissements de bon aloi (un collabo curieux, le parcours du père…), toujours simples sans donner dans la facilité. En résulte une découverte tout à fait honorable, qui fait son travail sans chercher à révolutionner son monde. Le genre de pépite qui fait toujours plaisir, avec le sel de l’amour lesbien.
Voracinéphile
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le 30 avr. 2014

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