Trop de twists tue le twist

Diversion est ce genre de film, qui sort toutes les deux semaines, et qu'on se prend à noter avant même d'entrer dans la salle. C'est ce genre de film qui, parce qu'il y a Tom Cruise, Will Smith ou Brad Pitt dans le rôle-titre, accompagné sur l'affiche d'une jeune actrice qui a sûrement été prise pour son jeu et son intelligence, démange de mettre un 4 d'entrée, seulement pour contester cette industrie hollywoodienne du cinéma qui préfère nous pondre des films mauvais, à la masse. C'est ce genre de film qui, alors qu'on en découvre le speech pour la première fois, ici un homme qui apprend à voler à une femme qu'il prend sous son égide, nous fait rire de par son originalité et sa complexité.

Mais lorsqu'on décide de se prendre pour un critique, il faut essayer de jouer le jeu jusqu'au bout: confirmer ses préjugés pour ne pas diffamer une oeuvre à côté de laquelle l'on serait passé. Voilà la pensée qui m'a encouragé à voir ce film, dont je ne me faisais pourtant pas une idée brillante. Une idée qui fut confirmé pendant la première demi-heure du film, alors que le titre s'affichait sur une musique digne d'un porno des années 90 (plutôt gênant, d'ailleurs) et que j'assistais à l'introduction de film la plus maladroite du monde. Heureusement, après un moment, le film parvient à capter notre attention et à se libérer de cette étiquette "film hollywoodien moyen". Il faut dire que Diversion fait tout pour cela, reniant jusque dans les dialogues ses similitudes avec les Fast and Furious et autres Ocean's 11.

Tu parles de ces coups, où les mecs raccrochent et partent dans des voitures de luxe avec des meufs sur la banquette arrière ?

Du coup, même si cet affranchissement est surfait, on se laisse prendre au jeu et on laisse une chance au film de nous montrer ce qu'il a à nous montrer.

En l'occurrence, pas grand-chose. La fin de la première partie de Diversion a clairement été la seule partie du film dans laquelle j'ai senti une tension: après l'accumulation absurde de tours dans l'introduction du film, on est cette fois réellement surpris, pour la première fois. Et la dernière fois: ce modèle, repris à chaque rebondissement du film, basé sur une succession de twists parfois troubles, marchera de moins en moins au fur et à mesure qu'il sera utilisé. Cette remarque est d'ailleurs également valable pour la fin du film, où l'on retrouve un rebondissement final qui semble rassembler tout ce que Diversion avait montré de plus incohérent et surprenant, à tel point que le twist devient trop gros à avaler.

Mais parlons un peu des acteurs: si Will Smith sauve les meubles dans son éternel rôle de héros dur et classe (mais un peu connard quand même), Margot Robbie est moins catastrophique que prévu, même si on préférera évidemment son physique à son jeu d'actrice. On ne dénotera rien de flagrant au niveau des autres acteurs, par ailleurs. Au niveau de la réalisation et de la mise en scène, rien d'exceptionnel non plus: tout reste classique, même si on notera l'effort de rendre l'image colorée par moments.

Globalement, Diversion est un film agréable à voir, si l'on ne va pas jusqu'à prendre un recul critique. Les twists sont souvent gros, l'humour peu subtil même si j'ai parfois souri, et si la première partie a quelques scènes intéressantes, le film a tendance à sombrer dans sa seconde partie dans une intrigue mêlée d'un faux-romantisme qui s'étire. Hormis "Allez le voir pour le physique de Margot Robbie", je ne vois pas vraiment quoi avancer d'autre pour vous conseiller d'aller voir Diversion, un film qui finalement corrobore à peu de choses près l'idée que je m'en faisais avant d'aller le voir: un film oubliable et sans éclat.