Mentalist
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Mentalist

Série CBS (2008)

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Pourtant si prometteur... / Série entière / Avec spoilers

Avec ce treizième épisode de la septième et dernière saison qui s'achève, j'ai comme un goût amer dans la bouche. Que s'est-il passé ? Que s'est-il passé pour qu'une série comme The Mentalist, à laquelle je confiais sans regret la note de 7 ou de 8 au vu de ses trois premières saisons, s'est elle transformée en copshow avare, larmoyant et monotone ? Alors certes, rien n'a changé, que l'on soit à la première saison comme à la cinquième, on se cantonne à trois épisodes de John le Rouge par saison. Ce qui est très très peu. Ces épisodes sont en effet en quelque sorte la raison d'être de la série, son âme: John le Rouge a défini la personnalité de Patrick Jane, incarné par ce cher australien de Simon Baker, lui confiant ce côté obscur et cynique qui ont fait dire à tant de comploteurs qu'il était lui-même John le Rouge.

Et les réduire à trois par saison, c'est vraiment dommage. J'admets que d'une certaine façon, cela accorde plus de mystère à ce tueur en série dont on ne découvre l'identité qu'au bout de six saisons, et que cela permet d'instaurer un certain suspense, d'autant plus que ces épisodes étaient très très bien tournés la plupart du temps... Les premières saisons du moins. Je suis sûr que si les saisons avaient été un poil moins longues, en réduisant ce flot intarissable d'enquêtes sans intérêt ni cohérence entre elles à une dizaine d'épisodes au lieu de dix-neuf (voire même vingt-et-un pour certaines saisons !), la série n'en serait ressortie que meilleure et aurait même pu figuré parmi mes séries favorites.

Car à la base, The Mentalist n'a pas grand-chose pour déplaire. Sur le papier, tout est à peu près correct, même si on y retrouve des clichés du genre: en l'occurrence, pour cette série, une fâcheuse tendance qu'ont les personnages secondaires à se transformer en huître (mais heureusement que le grand Patrick Jane est là), tant ils sont incapables et fades. Mais à la base, comme je le disais, Simon Baker promettait déjà beaucoup, même si encore une fois ce personnage de consultant d'un bureau policier qui vit en marge des autres et qui est différent, voire plus intelligent... est déjà vu. D'ailleurs, en ce qui concerne les premières saisons, je ne pense pas qu'il y ait vraiment grand-chose à redire en ce qui concerne les défauts: ceux que j'ai déjà cités suivront la série du début à la fin, en devenant de plus en plus fâcheux, alors que les qualités, elles, désertent dès la saison 4.

Les épisodes s'enchaînaient; on suit la série à la télé, en famille, on se plait à suivre les aventures de ce personnage si élégant et tourmenté composé par Simon Baker. Le premier final paraît; on croit entr'apercevoir un John le Rouge, qu'on ne verra vraiment (masqué, évidemment) qu'au final de la saison 2. Pas grand-chose à se mettre concrètement sous la dent à chaque fois, mais les épisodes étaient bien gérés, suffisamment pour ne pas se sentir floué après avoir terminé une saison. Et la troisième saison arrive: la meilleure, avec son final dantesque dont je me souviendrai longtemps. La rencontre entre John le Rouge et Patrick Jane. En vrai. Face à face. Est-ce lui ? Si non, comment connaît-il tous ces détails sur les meurtres commis ? L'intensité de cette scène est absolument grandiose, et c'est sûrement à cause... hum, grâce à celle-ci que je me suis dit: "Je regarderai cette série jusqu'au bout".

La quatrième saison survient. On découvre la suite des aventures de Patrick Jane, plus assoiffés que jamais de ce personnage qui fut si fort à la fin de la saison 3. Va-t-on retrouver des scènes de cette intensité ? Non. L'ai-je cru ? Oui. Les épisodes s'enchaînent encore, sauf que cela devient de moins en moins grisant; on perd le fil, et on est presque déçu d'un final pourtant pas si mal. La saison 5 survient. Et là commence les vrais problèmes. Lenteur, enquêtes répétitives, parfois incohérentes et bâclées, tentatives d'approfondissement de personnages secondaires pourtant toujours aussi fadasses... Tout y passe, agrémentés de nouveaux personnages potentiellement intéressants mais globalement mal exploités.

La sixième saison arrive, et on nous livre enfin des promesses alléchantes: nous dévoiler l'identité de John le Rouge. Alléchantes. Mais c'est définitivement ce qui va tuer la série. Je n'ai pas dû être le seul à en avoir marre des suspenses prolongés des saisons 4 et 5: le réalisateur a dû recevoir un sacré coup de pression pour décider de dévoiler l'identité de John le Rouge en huit épisodes seulement. Sûrement les huit meilleurs épisodes des quatre dernières saisons, d'ailleurs. Et alors que l'on découvre qui est John le Rouge, tout s'effondre. Hormis le fait que celui-ci soit décevant, fait qui accentue ma thèse comme quoi le réalisateur de la série a dû terminé son projet en queue de poisson, ce qui suit a définitivement ruiné mon amour de la série, tant cela l'a transformé en mièvrerie pas forcément incohérente mais terriblement chiante, et à des années-lumières de l'esprit des premières saisons.

La dernière saison caractérise encore une fois le souhait du réalisateur, je pense, à terminer la série au plus tôt: treize épisodes seulement, au lieu d'une dizaine de plus habituellement. Evidemment, l'enquête John le Rouge terminée, peu d'intérêt restait à regarder cette série. Mais j'ai continué. Pourquoi ? Parce que je m'étais juré de la terminer, tant elle avait pu me faire rêver à ses débuts. C'est comme une équipe de football que vous supportez et avec laquelle vous demeurez, que ce soit dans la victoire ou dans la défaite. Pour filer la métaphore, il me semble que The Mentalist a de quoi craindre la relégation.
Que faut-il retenir de cette série, alors ? Toi, courageux lecteur, qui a tenu jusqu'ici, je tiens à te remercier de m'avoir lu me vider de ma déception, de ma colère même, envers ce qu'on a pu faire de cette série. Regarde seulement les trois premières saisons. Ou si tu n'as pas le temps: regarde seulement les épisodes John le Rouge. Comme je l'ai dit tout à l'heure, le seul intérêt de la série réside là-dedans. C'est vraiment dommage de dire ça tant j'ai pu croire, quelque temps, que cette série pourrait devenir une référence du genre.

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le 23 févr. 2015

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Kevin Soma

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