Adepte de cinéma SF expérimental, et toujours chapeauté par Soderbergh, Eddie Alcazar propose son deuxième long-métrage, s'inscrivant de nouveau dans un maelström sibyllin qui promet de perdre des spectateurs en cours de route. Présenté en noir et blanc, et porté par une thématique d'ode à la beauté du corps, le récit s'articule autour d'un scientifique en quête d'un sérum qui confère la vie divine. Alors que les injections transforment en monstre, il poursuit sa production par la procréation de masse pour se servir des fœtus. C'est insensé, digne d'un pitch de série Z, ou BD des années 80, voire d'un film de Mandico, puisque Divinity se présente surtout comme un trip psychédélique en niveaux de gris. Entre séquences cosmiques, créatures cauchemardesques, designs Giger-iens, atmosphère surréaliste hypnotique dans les pas de Beyond the Black Rainbow, ou encore esthétique rétro-futuriste à la Gilliam, Alcazar assemble une expérience intrigante, à la limite du mauvais goût (dialogues, scènes lubriques), mais aussi ponctuée de fulgurances, comme cet affrontement mêlant prises réelles et stop-motion. Heureusement, son œuvre demeure courte car, hormis son visuel, elle n'a pas grand chose à proposer, en témoignent les plans ambiants à rallonge sur des discours philosophiques. L'absence judicieuse de couleur lui permet d'ailleurs d'en extirper cette esthétique réussie qui, autrement, aurait résulté en des scènes d'un kitsch absolu.