Dark Eastwood
Ah la vache, ça reste du bon Bis mais ça fait mal quand même... J'ai pourtant redécouvert avec une nostalgie émue Django traîner son cercueil dans la boue de la bourgade morte mais à mesure que ça...
Par
le 31 janv. 2012
71 j'aime
22
Django reste ce qui se faisait de mieux dans le western italien dans la catégorie "autres que Sergio Leone", Sergio Corbucci étant un réalisateur aussi doué et aussi inventif que ce dernier. On lui doit quelques perles du genre comme le Grand Silence, Navajo Joe, El Mercenario, le Spécialiste ou Companeros... où il a lui aussi comme Leone cassé les codes du western. C'est je crois son premier western, après avoir oeuvré dans le péplum, parcours habituel de tout réalisateur italien des années 60 ; on peut donc dire que ses débuts en western sont fracassants.
Ici, Corbucci impose un héros ambigu, solitaire et mystérieux, qui parle peu, mais au charisme énorme et aux yeux bleus intenses. Il trouve en Franco Nero un acteur idéal pour incarner ce personnage emblématique du western italien, devenu tellement mythique que Nero reçoit encore aujourd'hui des lettres de fans.
Le style n'est pas tellement différent de celui de Leone si on regarde bien, mais plusieurs composants se démarquent. Corbucci emploie le décorateur de Leone, Carlo Simi, le directeur de la photo Enzo Barboni (qui deviendra ensuite le réalisateur fétiche des films de Terence Hill) et l'assistant Ruggero Deodato (qui réalisera ensuite des films d'horreur) ; il ne peut s'offrir les services d'Ennio Morricone, mais la musique de Luis Bacalov reste quand même sacrément marquante et symptomatique du genre, notamment par son thème qui sera réutilisé par Tarantino.
Django est également à l'image des pistoleros solitaires incarnés par Clint Eastwood, mais sa particularité ici, c'est qu'il traine un cercueil rempli de... oh et puis non, je ne peux pas le révéler, j'ai horreur de spoiler. Toujours est-il que Corbucci imprime un style propre avec ce patelin crasseux et boueux, un ciel gris et triste, dans lequel il impose une certaine noirceur et surtout une violence brute, un sadisme évident voire même la cruauté, en jetant les bases d'un excès qui fera les gorges chaudes des détracteurs pour qui les westerns italiens seront surnommés "spaghetti".
C'est le genre de western où l'on voyait un pistolero bouffer des fayots avec une cuillère en bois (Terence Hill fera de même dans la plupart de ses westerns), gratter une allumette sur les seins d'une prostituée et surtout dézinguer des tas de mecs dans une violence baroque ; c'était tout à fait dans le style "spaghetti". On est donc loin des effets esthétiques et des constructions hiératiques et lentes de Sergio Leone, c'est moins spectaculaire aussi, mais plus austère ; Corbucci donne même une tonalité macabre, à la lisière du fantastique à cet univers. Moins obsédé que Leone par la technique, il n'en a pas moins le sens du cadrage, certains plans étant carrément superbes.
Malgré quelques petites faiblesses, une petite baisse d'intensité et quelques scènes banales, ce western qui n'a rien à voir avec le film de Tarantino qui lui a juste emprunté le nom de son héros et un thème musical, demeure un film culte.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes le Best of du Western, Les meilleurs westerns spaghetti, Les meilleurs films des années 1960, Les meilleurs films italiens et Le cinéma bis made in Cinecitta : le western
Créée
le 2 août 2017
Critique lue 1.3K fois
23 j'aime
13 commentaires
Ah la vache, ça reste du bon Bis mais ça fait mal quand même... J'ai pourtant redécouvert avec une nostalgie émue Django traîner son cercueil dans la boue de la bourgade morte mais à mesure que ça...
Par
le 31 janv. 2012
71 j'aime
22
Lacune vieille de plusieurs décennies, je m’étais juré de voir ce "Django" version Corbucci, après m’être délecté de l’essai Tarantinesque quasi-éponyme. Si Nero arrive à incarner ce personnage...
Par
le 30 déc. 2013
49 j'aime
14
Adulé ici comme ailleurs à un niveau parfaitement incompréhensible, Django se révèle en tout cas parfaitement caractéristique du western spaghetti, les films de Leone s'apparentant de plus en plus...
Par
le 31 janv. 2012
49 j'aime
16
Le voila enfin ce dernier Bond de Craig ! Après s'être fait attendre plus d'un an pour cause de covid, sans cesse repoussé, mon attente était énorme, il fallait que cet arc Dan Craig finisse en...
Par
le 12 oct. 2021
126 j'aime
172
Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...
Par
le 10 juin 2016
104 j'aime
59
On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...
Par
le 5 déc. 2016
102 j'aime
46