Le prolifique Bill Zebub a réalisé vingt-quatre films en dix ans, tous plus provocateurs et fauchés les uns que les autres. On peut citer parmi les plus graves Jesus Chist : Serial Rapist (2004) (par ailleurs chroniqué dans Le Poiscaille n° 6), Kill the Scream Queen (2004) et Bad Acid (2005). Dolla Morte est quant à lui un film d’animation : tous les personnages ne sont que diverses sortes de poupées, figurines, petits soldats… dont beaucoup d’entre eux sont à l’effigie de personnalités politiques célèbres.
L’histoire est difficile à relater tant elle est – volontairement, soit dit en passant – bordélique. Une seule chose est sûre, Dolla Morte se veut le film où toutes les outrances contre des hommes politiques ou contre diverses figures emblématiques – morts ou vivants – sont permises. On y croise George W. Bush qui veut dominer le monde en buvant le sang du Christ, Oussama Ben Laden en train de sodomiser le Pape avec un crucifix, le prophète Mahomet subir la torture dans le camp de Guantanamo, le Coran servir de papier chiotte, mais on peut voir aussi Dracula s’attaquer à des soldats de l’armée américaine, Hitler piloter un vaisseau spatial et tenter de concurrencer Bush dans sa conquête de l’univers, ou encore un requin avaler Jésus et le chier deux scènes plus tard, sous le regard étonné d’une poupée Barbie criant « Holy Shit ! ». Et le Christ de répliquer « Don’t call me like this ! »
Le point de vue politique dans tout ça ? Antiaméricain ? Anti-islam ? Antichrétien ? Antitout ? Difficile à dire. Un vrai bordel règne en maître sur ce film. Il se dégage néanmoins une certaine fascination face à une telle anarchie audiovisuelle, c’est la seule chose dont on soit à peu près sûr… Bill Zebub, cinéaste fourre-tout, mais peut-être pas dénué d’intérêt.
(cette chronique est parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" du mois de février 2012)