Donkeyote
7.5
Donkeyote

Documentaire de Chico Pereira (2017)

Un voyage, entre le vrai et le faux

Pas convaincu par l'objectif de cette non-fiction qui dissimule tant bien que mal son absence de cap derrière une fausse histoire d'émigration ratée. À la fin, quand on fait le bilan, on ne que se retrouver le cul entre deux chaises, sur sa faim.


Sur le papier, "Donkeyote" est censé raconter l'histoire de Manolo, un retraité espagnol de 73 ans, désireux de partir aux États-Unis avec son âne et son chien pour aller traverser le pays de part en part, d'est en ouest, pour refaire le chemin emprunté par des Indiens Cherokee il y a plusieurs siècles, "la piste des Larmes", lorsqu'ils avaient été chassés par les colons européens. Mais la référence à Cervantès du titre est à prendre très au sérieux, car il n'y aura jamais de voyage nord-américain : il sera cantonné aux terres ibériques.


Il y a très probablement des accords tacites entre Chico Pereira et son personnage, pour nous faire croire que ses intentions sont bien celles qui sont avancées. Il va chez un médecin vérifier que sa santé lui permet un tel voyage, sa fille essaie de l'en dissuader, il rencontre des problèmes administratifs pour faire voyager ses animaux... Tout cela paraît crédible, mais quand au bout d'une demi-heure on n'est toujours pas sorti de chez lui, on comprend bien que l'objet du docu ne sera pas celui qu'on croyait.


C'est donc le portrait de Manolo, de Gorrión son âne et de Zafrana son chien, avant tout. Le trio déambule, avec humour et fatalisme, en suivant un but imprécis qui se transforme peu à peu en une péripétie éponyme de Don Quichotte. Un voyage qu'il ne fera finalement pas, ou pas vraiment, ou plutôt autrement — et surtout ailleurs : en Andalousie. Une autre conquête de l'ouest donc, avec le même désir de liberté étouffé par un carcan administratif et économique surgissant ici de la fiction. Le concept ne délivre pas vraiment le contenu attendu, on reste pas mal sur sa faim, même si la poésie de l’entreprise restera. Tant qu'il y aura des moulins, il y aura des voyages.

Morrinson
5
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le 16 août 2023

Critique lue 17 fois

Morrinson

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