On connaît ces suites, parfois des mockbusters, qui partant du principe simple de poursuivre ce qu'avait pu faire un film culte, foirent royalement leurs intentions jusqu'à faire baisser l'amour que l'on peut avoir pour l'oeuvre de base (on pensera notamment à la désastreuse franchise Starship Troopers). S. Darko prend ainsi place des années suivant les évènements du premier épisode, et suit cette fois la destinée de la soeur de Donnie, Sarah, étonnement interprétée par la même actrice qui pouvait la jouer avant.
DTV à la réputation rocambolesque, le film de Chris Fischer, sombre inconnu à l'origine de tout un tas d'autres téléfilms beaucoup moins connus, n'est pas sans rappeler The Crow : Wicked prayer : sans imagination, il se contente de repomper l'intrigue originelle pour pouvoir jouer la carte de la fidélité, se donnant plus un air de reboot miteux que de continuité pertinente et intéressante.
Les enjeux ne sont plus là, l'histoire de schizophrénie non plus; je dirai même qu'il n'y a plus de véritable intérêt à suivre une histoire dont on connaît déjà la fin, et qui se basant sur la fin du monde qu'il faut déjouer, ne pourra qu'épouser ce qu'avait fait Richard Kelly avec le premier film. Comprenant cela, le scénariste tente de noyer le poisson (et le spectateur) dans un bordel narratif infâme, multipliant les sous-pistes et les sous-intrigues sans intérêt pour gagner du temps et ajouter toujours plus de détails inutiles, conduisant le tout vers une conclusion qui relève légèrement le niveau, sûrement du fait qu'elle marque la seule idée véritablement travaillée et un minimum réfléchie de l'oeuvre.
Et si son écriture se termine dans un bordel incommensurable, on s'étonnera aussi du manque de punch d'une mise en scène au rabais, tournée dans des petites bourgades américaines par manque de budget, le désert coûtant moins cher que la perturbation qu'un tournage apporterait à une véritable ville. Cela joue donc sur le timbre d'image, toujours proche du fameux dernier épisode de The Crow, et de tous ces mauvais métrages qui ont décidé de tourner l'entièreté de leur intrigue dans les tréfonds de l'Amérique rurale.
L'image, constamment animée par ses couleurs chaudes et ses effets tape à l'oeil, contient tout ce qu'il y avait de répugnant dans le début des années 2000 : flashs aveuglants balancés dans ta gueule, caméra tremblante qui ne sait pas comment insérer ses acteurs dans le cadre, filtre d'image orange détruisant totalement toute démarche artistique un minimum potable et réfléchie.
C'est bien sûr très mal interprété, monté n'importe comment, et sans grand intérêt. On passe plus de temps à s'ennuyer qu'à réfléchir sur le propos véritable du film, bête copié collé de ce qu'on avait pu voir aux cotés de Gyllenhaal, jusqu'au moment des inévitables easter eggs arrivant comme un cheveu dans la soupe et sans aucun sens, ne servant visiblement qu'à établir une certaine continuité avec l'oeuvre originelle. Il était certain que ce ne serait pas du niveau de la surprise de 2001, mais on pouvait difficilement se dire que ce serait aussi mauvais, et que l'expérience se révèlerait à ce point pénible. Un calvaire de presque deux heures dont on voit difficilement le bout du chemin.