J’avais détesté The descent et Dog soldiers, les deux films qui ont lancé la carrière de Neil Marshall, et pourtant me voilà qui regarde son troisième long-métrage, nettement moins apprécié. Ce qu’il ne faut pas faire, pour étancher sa soif de post-apo… Tous les derniers films que j’ai vus appartiennent à ce genre qui, au final, a été assez peu exploité au cinéma. A part les Mad Max, je n’ai pu trouver aucun autre bon film avant de devoir me rabattre sur les navets et nanars ; non, j’ai dû passer directement aux fonds de tiroir. J’ai bien vu Turbo kid cette semaine, mais je le place à part, le film vient tout juste de sortir ; entre Fury road et la trilogie originale de George Miller, on dirait qu’aucun cinéaste a su combler le manque d’aventures post-apocalyptiques.
Dans Doomsday, une épidémie frappe l’Ecosse, dont la population se retrouve alors en quarantaine forcée. Un mur d’acier de 9m de haut est construit ; on se demande comment, avec les gens essayant sûrement de s’échapper, mais bon…
Des années plus tard, le virus refait son apparition à Londres. Le gouvernement pense qu’il existe des survivants dans la zone contaminée, et donc un antidote. Ils envoient leur meilleur agent le chercher. Et cet agent, c’est Rhona Mitra, l’équivalent de Kate Beckinsale mais en moins cher ; on lui a filé la même coupe que Kate dans Underworld, et des tenues noires moulantes. Je doute que ce soit un hasard.
Dans ses premières minutes, Doomsday fait un traitement sérieux du drame duquel découle l’intrigue, adoptant un ton qui donne du crédit à cette épidémie. Et puis tout est gâché dès lors qu’un militaire shoote à la mitrailleuse un type infecté dans un foule, lui arrache une main d’un coup de feu, et atteint d’autres innocents autour. Une bonne dose de débilité au service uniquement d’effets gores, et qui balaye soudainement toute crédibilité que le film avait gagné jusque là.
Dans la foulée, une petite fille se prend une balle dans l’œil, des types se font écraser les bras par un portail qui se referme, et tout nous est montré frontalement, avec des effusions de sang complaisantes. Ce qui n’est pas ce qu’il faut, quand on veut véhiculer un sentiment de gravité.
Tout au long du film, il y a des problèmes d’incompatibilités entre le ton que Neil Marshall veut adopter et sa mise en scène, ou entre le ton très premier degré et des idées décalées.
C’est à croire que le réalisateur a déterré un scénario de série Z oublié depuis les 80’s, et l’a filmé comme quelque chose de sérieux. Il y a pleins d’éléments dignes d’un film d’exploitation : de la nudité gratuite, plus de gore que nécessaire, et des idées débiles, qui fonctionneraient seulement si elles étaient présentées avec du second degré.
Sérieusement, l’héroïne qui peut retirer son œil de verre, qui devient une caméra téléguidée… j’ai dû mal à imaginer ça que dans du bis décalé.
Et ce passage avec la fille aux gros seins dans la baignoire qui sort un fusil à pompe… en lisant ça, vous vous dites que ça doit être comique, non ? Pas pour Neil Marshall.
Les héros partis chercher l’antidote sont des abrutis, qui n’écoutent pas ce qu’on leur dit. Je le disais déjà dans ma critique de la série Scream, mais je déteste quand on force les personnages à avoir un comportement idiot pour justifier qu’il y ait un danger.
Les ennemis, lors de leur première apparition, ne sont qu’une masse d’anonymes qui foncent tous en hurlant devant les mitrailleuses des héros, et tombent sous les balles en deux secondes.
Mais quand, plus tard, on leur découvre une identité… bah, ils sont juste grotesques, et cabotinent à fond.
Par ailleurs, pourquoi tant de punks ? Dans Mad Max, je peux comprendre le retour à un caractère tribal, mais pourquoi les survivants dans Doomsday sont-ils tous revenu au look des punks des 70’s, avec de grosses crêtes roses ? Et où est-ce qu’ils trouvent le colorant pour leurs cheveux ?
Niveau réalisation, c’est mal filmé et/ou mal monté. L’action n’est pas lisible, c’est très cut, les cadrages sont mal choisis, et il peut y avoir un cut au milieu d’une action toute simple, très brève. Un cou que l’on brise par exemple… Je ne comprends pas pourquoi foutre un cut au milieu.
L’étalo est laid, c’est verdâtre, marronnasse, … bref, toute cette palette de couleurs qui évoquent des toilettes crasseuses.
Ce que je reconnais de bien au film, c’est quelques passages sympas de la BO ; c’est Tyler Bates derrière, le mec qui s’est occupé de Super, et le dernier album de Manson notamment.
Et j’aime bien le design des masques à gaz des héros… Voilà, voilà.
Je savais au bout d’une quinzaine de minutes que je n’irais pas au bout de ce truc qui dure quand même presque 2 heures. Je me suis arrêté à la moitié, quand le chef des punks se donne en spectacle. Littéralement. Il danse sur scène sur du french cancan. Consternant. C’était plus que je ne pouvais en supporter. (et puis j’avais envie de retourner un peu sur le jeu vidéo Mad Max avant d’aller dormir).
J'ai regardé des bouts de la poursuite à la fin, mais c'est là encore mal filmé et monté, et les méchants hurlent toutes les 5 secondes comme des rageux qui auraient perdu une partie de Counter strike, donc je me dis que je ne rate rien.