La lutte de classes sous le sapin

Un Noël qui tourne mal ou la lutte de classes selon Autant-Lara: le futur réalisateur de La traversée de Paris (1956) livrait avec Douce une satire sociale grinçante et jubilatoire qui n’exclut toutefois pas l’émotion. La scène la plus célèbre du film montre la comtesse de Bonafé (extraordinaire Marguerite Moreno) rendre visite à «ses» pauvres pour leur apporter quelques frusques dont elle veut se débarrasser. Des petits vieux qu’elle se plaît à humilier avec un effroyable cynisme avant de leur quitter en leur souhaitant «patience et résignation». Une formule que le régisseur retourne en conseillant à Irène, avec laquelle il envisage de partir pour le Canada, de faire preuve plutôt d’ «impatience et de révolte» contre un ordre social inique. L’interprétation est au diapason des dialogues ciselés au scalpel d’Aurenche et Bost et de la photographie aux sublimes contrastes signée Philippe Agostini, par ailleurs le mari d’Odette Joyeux, une actrice un peu oubliée aujourd’hui qui trouvait avec Douce le rôle de sa vie.

SteinerEric
8
Écrit par

Créée

le 29 août 2020

Critique lue 134 fois

1 j'aime

Eric Steiner

Écrit par

Critique lue 134 fois

1

D'autres avis sur Douce

Douce
Torpenn
8

Joyeux Noël

1943, la France se fredonne Douce avec un petit concentré de ce qui se faisait de mieux comme cinéma sous l’occupation : Claude Autant-Lara filmant Odette Joyeux déclamant du Aurenche et Bost et...

le 20 déc. 2014

32 j'aime

9

Douce
Grard-Rocher
8

Critique de Douce par Gérard Rocher La Fête de l'Art

La comtesse de Bonafé n'est pas femme commode. En 1887, dans son hôtel particulier parisien, elle règne d'une main de fer agrémentée d'une langue de vipère sur sa famille et son personnel, tous...

29 j'aime

7

Douce
JeanG55
8

Douce amère

Deux films de Claude Autant-Lara se succèdent en 1942 et 1943 mettant en scène Odette Joyeux dans le rôle d'une jeune fille de souche aristocratique qui s'ouvre à l'amour mais à un amour...

le 21 mars 2022

15 j'aime

7

Du même critique

Artemisia
SteinerEric
4

Escroquerie historique

L’idée était bonne de faire un film sur le destin très romanesque d’Artemisia Gentileschi, l’une des premières femmes peintres dont l’œuvre rencontra un grand succès à son époque puis traversa ...

le 10 sept. 2020

5 j'aime

Peppermint frappé
SteinerEric
5

Maladroit mais pas inintéressant

Radiologue à Calanda, une petite ville de la province espagnole de Teruel, Julian n’a guère de contact social en dehors de son assistante Ana, une infirmière taciturne et timorée, à laquelle il...

le 2 août 2021

4 j'aime

1

Maman a cent ans
SteinerEric
7

Une comédie sarcastique

Un registre comique inhabituel pour Carlos Saura dans cette fable qui recense les thèmes qui lui sont chers: la famille, le couple et l’argent dans une société espagnole étriquée qui n’a pas pris la...

le 2 août 2021

4 j'aime