"Douce" clôt la trilogie des films d'Autant-Lara tournés pendant la guerre avec Odette Joyeux. Je ne suis pas un grand fan du trio Aurenche-Bost-Autant-Lara. Pour autant, ce film n'est pas leur pire collaboration. Déjà, le début est plutôt réussi, avec ce joli travelling sur une maquette du Paris nocturne de 1887 et ce premier dialogue chuchoté dans un confessionnal, assez inattendu pour l'époque.

Techniquement, le film est irréprochable et le décor de l'hôtel particulier de la comtesse de Bonafé, où l'intrigue se déroule pour l'essentiel, est reconstitué avec toute la qualité qu'on savait mettre dans ce type de productions, au détriment souvent de la personnalité. Ensuite, le livre adapté par Aurenche et Bost n'étant pas un monument littéraire, les scénaristes peuvent prendre des libertés sans qu'on perçoive de "trahisons"...


Douce, petite fille de la comtesse, est un des cinq personnages principaux entre lesquels Autant-Lara installe une ambiance délétère, des petits secrets sans doute et peut-être des mensonges. Le sentiment amoureux cohabite avec le sentiment de classes, car tout l'échafaudage dramatique du sujet repose sur la conscience de sa supériorité aristocratique de la vieille douairière (Marguerite Moreno, tout en autorité et en mépris) et sur l'ambition de s'élever de deux de ses employés.

Il manque au film la noirceur d'un Clouzot ou son ironie pour que la satire sociale prenne de la valeur ajoutée ; d'autant que le réalisateur donne à la dernière partie du film un aspect romantique plus conventionnel.


inspecteurmorvandieu
6

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le 28 avr. 2025

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