Il est peu de films qui arrivent à rendre un procès cinématographique sans grossièrement transformer la cour en un théâtre peu fidèle à la réalité. Certains films néanmoins semblent y parvenir sans efforts. 12 Hommes en colère en fait parti.
Il s'agit d'un huit-clos ou les jurés doivent voter pour l'issue d'un procès pour meurtre. Alors que tout les éléments pointent vers l'accusé, Henri Fonda va tenter de renverser l'avis de ses collègues.
Ce film est impressionnant pour plusieurs raisons. D'abord, les personnages sont très crédibles, nous n'avons pas de gentils et de vilains ici, simplement un échantillon de société, avec ses diversités d'âge, d'opinion politique et de caractère.
Ensuite, c'est un vrai modèle d'argumentation. A mesure que les arguments sont exposés, il ne s'agit pas de les retourner mais plutôt d'instiller le doute. Et qui dit doute dit changement du vote car il s'agit ici de la vie d'un homme.
Enfin, l'unité de lieu. Peu nombreux sont les films qui osent le huit-clos et encore moins nombreux sont ceux qui parviennent à ce que l'audience ne le remarque pas comme une contrainte. En effet, au cinéma tout est possible, pourquoi alors se limiter à respecter une unité de lieu? Parce qu'il s'agit d'un premier film et qu'on a pas de budget comme dans Reservoir Dogs (autre brillant exemple de huit clos réussi)? Peut être. Mais également et c'est encore mieux, parce que l'histoire le demande comme ici
En un mot, un film brillant et qui n'a pas pris une ride en 60 ans. Je ne connais pas de films ayant aussi bien vieilli, même parmi les plus acclamés de l'époque.