Problèmes de riches !
Ce « grand final » du titre est-il véritablement un ultime chapitre ? Rien n’est moins sûr : ce troisième volet des films Downton Abbey m’a laissé le même sentiment que le visionnage de Mission...
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le 15 sept. 2025
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Voilà un film qui ne vaut que comme surgeon de l'arbre majestueux que figurait la série Downton Abbey dont il capte la sève nourricière en parasite assumé. En effet, son existence n'a de teneur que par le renvoi à la connaissance intime de son référent sériel dont il reprend le principe et les personnages. Film gigogne donc, sans autonomie, attaché structurellement au corps de la célèbre série où il va puiser sa finalité. Il fera probablement le bonheur des fans de cette dernière qui le vivront sur un mode mémoriel et commémoratif, au garde à vous du souvenir pendant que jouent les trompettes de la nostalgie.
Ainsi s'y agitent les ombres fantômatiques des personnages qui nous ont captivé naguère, fantômes car sans épaisseur ni substance, juste des poteaux indicateurs figurant une signalétique pointant vers les routes du passé. Chacun va jouer sa carte, fidèle à son CV, profilé grossièrement car le temps du film est compté. On retrouvera donc le rigide et amidonné Carson, une lady Mary en perte de rébellion et sa fidèle servante et confidente Anna en cloque, une Cora Crawley à ménager la chèvre et le chou, la pétulante Mrs Patmore, le châtelain Robert Crawley en patriarche parfois contesté, et tous ceux qui ont animé ce monde suranné et décadent. Le film se déroule ainsi à la façon d'un album photos aux bords racornis par le temps sans autre justification que celle d''une exposition muséale. Pour faire tenir l'ensemble, un vague et chétif scénario d'une escroquerie financière et des inconvénients du rigorisme corseté des conventions ridicules de ce microcosme au puritanisme élisabethain ( une femme divorcée devient une paria) tiennent de fil conducteur et servent de prétexte à ce collage de scènes qui ressemblent plus à des postits qu'à une trame dramatique bien ficelée.
Car si la série se donne le temps de donner chair aux personnages qui deviendront nos familiers, le film ratatine et rétrécit toute profondeur, en ne faisant de ses personnages que des silhouettes qui s'agitent dans un vide de contenu. Là où chaque épisode de la série se dégustait comme un plat délicat et gastronomique, on se retrouve ici avec un fastfood surgelé totalement indigeste. Chaque protagoniste ne fonctionne plus que comme effigie de ce qu'il incarnait dans la série, et l'on assiste ainsi à leur momification en ce qu'ils sont devenus des statues pétrifiées.
Le spectateur déambule ainsi dans ce musée à la recherche du moindre indice qui lui permettrait de retrouver le plaisir des saisons d'antan. Sauf qu'ici tout est gélifié et sous cloche, vestige d'une époque finalement révolue. Si le musée fonctionne souvent comme lieu de mort (on y parle et montre des objets d'une histoire définitivement disparue), ce film devient ainsi le cimetière d'une saga où se désintègrent les figures familières que la série nous avait fait aimer. Se joue de la sorte le choc de deux temporalités totalement antagonistes : celle de la série à la construction lente et minutieuse et celle du film qui veut embrasser la totalité des lieux et des personnages par quelques coups de crayons au trait grossier.
Alors oui au passage on admire à nouveau le château de Highclere, son mobilier fastueux, ses salles magnifiques, son parc verdoyant, mais ne s'y meuvent plus que des âmes mortes en déshérence de paternité. Car si le film parle de passation de pouvoir entre l'Ancien et le Nouveau, il ne fait qu'enterrer celles et ceux qu'il voudrait magnifier. Cérémonie testamentaire d'une histoire dont il se veut le point final, il se termine par le carrousel imaginaire de tous les visages de cette tribu, sorte d'inventaire terminal où est convoquée en guise de caméo la figure inévitable et attendue de Maggie Smith. Le générique de fin fige définitivement les personnages de cette épopée dans leur posture prosaïque sans aucune sorte de prolongement possible. Gageons néanmoins qu'il se trouvera un scénariste et un réalisateur pour poursuivre cette franchise dans ce qui sera à n'en point douter un Downton Abbey IV : la résurrection.
Créée
le 15 sept. 2025
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Ce « grand final » du titre est-il véritablement un ultime chapitre ? Rien n’est moins sûr : ce troisième volet des films Downton Abbey m’a laissé le même sentiment que le visionnage de Mission...
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le 15 sept. 2025
14 j'aime
Évidemment, il y a la série tellement télévisée ….Naturellement, il y a ce film lié aux autres œuvres cinématographiques et sans surprise….Effectivement, il y a un incipit de ce film assez fade ,...
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le 10 sept. 2025
8 j'aime
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"Downton Abbey : le grand final": film qui conclut semble-t-il (définitivement ?) la saga amorcée dans la série il y a quinze ans. Le film peut se voir sans la connaître, mais reconnaissons-le, le...
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le 14 sept. 2025
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Avec ce petit microcosme décérébré et en rut permanent, nous sommes chez les bonobos qui passent leurs journées à s'épouiller, se papouiller et se gougnouter. "Il faut s'amuser" est le leitmotiv...
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le 2 avr. 2018
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le 15 sept. 2025
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