En 1992, c'est à un mythe de l'horreur que Coppola prétend s'attaquer. Il propose d'en réaliser une reconstruction dans un film où l'histoire vraie de Vlad Dracul cohabite avec le monstre crée à la fin du XIXe siècle sous la plume de Bram Stoker. Au passage, il rend hommage aux films de la Hammer sans oublier le Nosferatu de Murnau à qui il fait référence, que ce soit dans les dialogues ou par le style de la créature lorsque celle-ci se présente dans sa forme non humaine.
Lorsqu'il sort en France, en janvier 1993, le film fait sensation. Non pas pour son casting : à cette époque, Keanu Reeves est encore quasi inconnu du grand public et encore moins Winona Ryder ; Gary Oldman n'a pas encore fait sensation chez Luc Besson avec son rôle de méchant psychopathe dans "Léon" et Anthony Hopkins est quelque peu sorti du champ radar des spectateurs. Mais, en tant que monstre sacré de la réalisation cinématographique, Coppola s'attaque à un monstre sacré de la littérature fantastique en lui donnant une dimension romantique.
Est-ce réussi ?
A l'époque, la presse est quasi unanime : le film est un chef-d'oeuvre ; le public est conquis.
Mais aujourd'hui ?
Et bien, en ce qui me concerne, mon sentiment est partagé au revisionnage plus de trente ans après la première projection de ce film.
Je reconnais toujours la finesse d'exécution de l'ouvrage, son esthétisme bien travaillé et ses plans qui retranscrivent à la perfection, notamment dans les scènes au cimetière ou dans la crypte, l'atmosphère gothique retrouvée de l’œuvre originale.
Mais il y a cette histoire d'amour, cette romance, sur laquelle au final vient se reposer le film. Il est un peu dommage, à mon sens, de limiter le personnage de Dracula à une banale obsession amoureuse qui flirte avec l'adultère.
Et pour moi, sans doute à cause de cela, le "Dracula" de Coppola manque de hauteur. Et dans la filmographie de ce cinéaste, surtout en comparaison avec "Apocalypse Now" ou "Le Parrain", c'est certainement le film le moins pertinent et très en dessous de ces deux oeuvres citées au-dessus.
Toutefois, il peut rester agréable à l'oeil de celui qui le découvre aujourd'hui. Et ce notamment pour sa valeur esthétique et son symbolisme au niveau des couleurs (un très bon travail, entre autres, sur la couleur rouge, couleur du sang) et sa volonté de rendre hommage aux films de la Hammer et au travail de Murnau.
Dracula de Coppola, au final, un bon film d'horreur ?
Pas spécialement mais peut-être un avant-goût de ce genre que, aujourd'hui, nous nommons la romantasy...