Dragon Eyes
3.9
Dragon Eyes

Film de John Hyams (II) (2012)

Mon excitation était grande de voir enfin le nouveau John Hyams, après l’hallucinant Universal Soldier: Regeneration et en attendant Universal Soldier 4! Surtout qu’on nous avait annoncé Jean Claude Van Damme à l’affiche ainsi que Joel Silver à la production. Malheureusement j’ai vite dû réviser mes attentes à la baisse.
Avant tout, il s’agit ici clairement d’une récréation de la part de l’équipe d’Hyams entre deux grosses machines comme la saga Uni-Sol. Dès les premières images il apparaît que le budget, les décors et même les ambitions sont rikiki, ce qui n’est pas un mal en soi (c’est même tout à fait normal vu qu’on est dans une production DTV). Si vous avez lu le synopsis, vous vous êtes surement rendu compte que c’est plus ou moins un Remake (encore un) du classique Yojimbo d’Akira Kurosawa, et qui représente une manne pour tous les scénaristes d’action en manque d’inspiration (Rappelez-vous Last Man Standing avec un Bruce Willis en perte de vitesse et même Inferno avec un JCVD à deux doigt d’enterrer sa carrière). Et contrairement à ce qu’on nous a fait croire, ou alors j’ai mal compris, la vraie Star du film n’est pas Van Damme (qui joue un second rôle) mais bien Cung Le, Champion poids moyen de MMA.
Pour autant, Dragon Eyes, n’est pas une bouse même s’il ne fait rien pour révolutionner le genre. La réalisation de Peter Hyams est toujours aussi efficace et nerveuse avec ce sens du rythme et du cadrage qui manque cruellement aux réalisateurs d’aujourd’hui. Son produit est filmé à la manière d’un western spaghetti (référence oblige, forcément) et les castagnes sont filmées en plans larges comme des duels de colts. Les scènes de combats (puisque c’est de ça qu’il s’agit avant tout) sont nombreuses et en donnent au spectateur pour son argent. Cung Le compense ses maigres qualités artistiques par celles martiales et tire le meilleur de sa présence massive et son regard qui tue pour assurer de la baston pure et dure, bien dans le style MMA: percutant, hyper violent et assez spectaculaire par moments. Et puis sinon, bah… c’est à peu près tout. Même pour un scénario aussi rachitique, on ne peut s’empêcher de s’étonner de sa minceur et des nombreux raccourcis foireux que le film prend pour arriver à une fin qui n’apporte pas le dénouement attendu (ce qui n’est pas si mal, remarquez).
Plus encore, l’énorme déception (ou trahison je dirais) de la part du réalisateur c’est le recours à certains tics qu’il avait si bien su éviter dans son précédent long film mais qu’il nous ressort ici sans vergogne: L’effet « Etiquette » pour présenter les protagonistes démocratisé par Guy Ritchie dans Sntach et usé jusqu’à la corde depuis. Franchement super énervant à la longue. Et puis ensuite, le mauvais gout par excellence: le recours systématique au filtre de couleurs pisseuses. Après le jaune-pisse de Assassination Games, voici l’orange moche à vous donner une migraine et dont je ne trouve aucune justification. Et pourtant, y’a toujours des gens pour trouver que ça en jette…
Signalons aussi la présence de Peter-Robocop-Weller, qui cachetonne à mort dans son rôle de flic ripou qui garde la ville sous sa botte. Il en profite pour aligner une collection aussi grosse qu’embarrassante de clichés et de caricatures, si bien que l’on se demande vraiment s’il ne se foutrait pas un peu de la gueule du monde. Il suffit de voir sa garde robe de parfait mafioso des années 30 avec costume rayé et chapeau en feutre, et de l’entendre déblatérer des mots italien en agitant les mains pour s’en rendre compte. Il ne manque plus que le plat de spaghetti aux boulettes de viandes pour achever le tableau.
En ce qui concerne Van Damme, j’avais parlé d’un second rôle, mais il s’agit plutôt d’une Guest Appearance, parce que son temps d’écran ne dépasse pas les 15 minutes (pour deux jours de tournage). Il campe ici le rôle de Tiano, Mentor de Cung Le alors qu’il était en prison et qui lui apprend tout ce qu’il sait en matière de baston mais aussi lui inculque la zen attitude (tu as l’œil du dragon en toi!) , et la voie pour retrouver la paix intérieure, parcours qu’il a emprunté lui aussi auparavant pour échapper à un lourd passé. Même s’il fait très peu étalage de ses prouesses martiales (à peine deux trois levées de jambe) j’ai beaucoup apprécié la présence de JCVD et la portée symbolique que représente ce rôle, un peu comme si JCVD avait dépassé le stade d’acteur et rentré dans celui d’icône de l’action qui passe le flambeau aux jeunes acteurs comme il l’avait fait avec Scott Adkins.
Dragon Eyes, reste malgré ses carences, un spectacle assez solide pour les fans du genre, surtout si l’on est pas trop regardants. Ça se consomme tranquillement sans histoires, rien de plus mais rien de moins.

AtefAttia
5
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le 14 mai 2021

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Atef Attia

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