How to Train Your Dragon est un film dont j'avais vaguement vu quelques passages lors d'une diffusion télévisée mais, sans toute l'introduction à l'univers, j'avais très peu accroché et j'étais totalement passé à côté. Le second film étant sorti aujourd'hui au cinéma, j'avais bien envie d'y aller en cette période de fête du cinéma et donc je me suis hâté de regarder ce film, pour de vrai cette fois.

Et quel chef d'oeuvre j'avais raté.

Dean DeBlois et Chris Sanders m'évoquent Lilo & Stitch, un film plutôt mignon mais pas bien génial. DreamWorks est dans mon esprit associé à des films rigolos et divertissants mais pas incroyables (Shrek, Madagascar, Chicken Run) voire parfois lourds (Shark Tale, Kung Fu Panda, Shrek au bout du quinzième film), à tel point que j'oublie sans arrêt que le génial Rise of the Guardians est un DreamWorks. Contrairement aux films habituels du studio, j'avais trouvé ce dernier plutôt touchant et beau. Eh bien, How to Train Your Dragon, c'est pareil en encore plus sublime.

Contrairement à bon nombre de "dessins animés pour enfants" classiques, l'histoire d'amour est carrément secondaire, elle est là pour dire qu'elle existe mais n'apporte aucun intérêt au film. Celui-ci est très bien construit, rythmé à la perfection : on nous introduit rapidement mais efficacement à cet attrayant univers mélangeant vikings et dragons, aux divers personnages et leurs rôles dans le village. Hiccup n'a rien d'un héros et semble même plutôt tête à claques aux premiers abords. Même s'il devient bien plus appréciable au fil du film, c'est surtout par sa relation avec Toothless, son dragon, qu'il est intéressant. Celle-ci, au centre du film, va se révéler primordiale : Hiccup est le premier viking à se lier d'amitié avec un dragon, qui va vite devenir son meilleur ami (en même temps, il n'en a pas beaucoup d'autres) et va permettre à notre héros de se trouver, de se faire une identité propre et surtout de réussir à s'affirmer au sein d'une communauté de vikings tous plus bornés les uns que les autres.

En fin de compte, on se retrouve à suivre avec grand intérêt les évolutions simultanées d'Hiccup et Toothless tandis qu'ils gagnent la confiance de l'autre puis leur combat pour les droits des dragons, si l'on peut poser ça comme ça. La capacité d'Hiccup à s'émerveiller au fur et à mesure qu'il en apprend plus sur les dragons tandis que la plupart des autres vikings ne les voient que comme des choses à tuer ne le rend que plus appréciable tout en permettant de créer un lien avec le spectateur. En effet, le film est si bien réalisé qu'on est rapidement immergés dans le film, oubliant sans difficulté que ces dragons ne sont que fiction et donnant envie d'en adopter un quasi immédiatement (parce qu'en fin de compte, les dragons ne sont que des chats qui volent et crachent du feu). Les différentes espèces de dragons sont variées et plutôt réussies dans l'ensemble, même si j'ai évidemment un faible pour le Night Fury, Toothless étant le seul dragon vraiment développé. C'est d'ailleurs plutôt impressionnant à quel point c'est un des personnages les plus intéressants, plus que la plupart des humains alors qu'il ne peut même pas parler. Tout se passe donc dans les interactions avec le héros, toutes plus mignonnes et touchantes les unes que les autres.

Car oui, How to Train Your Dragon m'a énormément touché. La relation entre Toothless et Hiccup est à mon goût une des plus belles dans un film d'animation, la dévotion d'Hiccup pour garantir la paix entre dragons et vikings quand personne n'ose ne serait-ce qu'évoquer l'idée est exemplaire, l'obstination de son père est blessante. Comment ne pas s'attrister de voir les humains foncer vers la guerre et de tenter de saisir leur chance dès qu'ils apprennent la possibilité d'exterminer les dragons alors qu'un des leurs a pourtant prouvé que la paix et la cohabitation était envisageable ? Bien au-delà d'une simple guerre entre vikings et dragons fictifs, How to Train Your Dragon est pour moi une critique du manque d'ouverture d'esprit, des préjugés et de la discrimination dont certains groupes de personnes peuvent faire preuve. Cela se retrouve par ailleurs dans la société formée par les vikings qui, même si elle n'est pas irréprochable, reste à des années-lumières plus moderne que des sociétés pourtant censées être plus avancées et évoluées. La place de la femme est la même que celle de l'homme, occupant les mêmes rôles (en l'occurrence, tuer des dragons, ce qui est l'activité principale des habitants de Berk) et devant faire leur preuve de la même manière (ainsi, lors de l'entraînement des nouvelles recrues, le sexe de celles-ci n'importe pas du tout). De même, ceux ne disposant pas des capacités nécessaires pour devenir un tueur de dragons ne sont pas pour autant discriminés et peuvent occuper des rôles tout aussi importants. Ainsi, Hiccup passe son temps à user de son intelligence pour créer divers dispositifs, celle-ci étant finalement ce qui prime vu qu'elle lui permet de vaincre la force brute. Tout éventuel manichéisme que l'on pourrait entrevoir au début du film est rapidement balayé : les dragons se révèlent loin d'être les méchants monstres que l'on croyait tandis que les humains pourraient bien être les monstres en question eux-même.

Le film termine en beauté avec un renforcement de la relation entre Hiccup et Toothless ainsi qu'une conclusion montrant que, comme quoi, les gens sont quand même capables d'être raisonnés et de changer. How to Train Your Dragon excelle là où on ne l'attendait pas forcément : tout en étant poignant et attendrissant, il diffuse un message qui est surtout une belle leçon de vie.

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le 2 juil. 2014

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