Ni rêve ni cauchemar, juste les limbes

Dream Scenario porte très bien son nom tant son histoire semble tirée d'un rêve, à la fois riche et d'une grande créativité mais avec ses incohérences de style, ses mélanges improbables et son manque de constance. Paul est un professeur titulaire quelconque, visiblement intelligent dans son domaine mais naïf et veule, flanqué d'une femme autoritaire et de deux filles en crise d'adolescence. Il apparaît soudainement dans les rêves de presque tous, figure d'abord attentiste — ce qui le renvoie à sa propre réalité déprimante — puis extrêmement violente. Paul qui est en manque de reconnaissance croit enfin son heure venue et se heurte d'autant plus violemment au rejet et au bannissement de sa personne.

Le film fourmille d'idées tant visuelles que scénaristiques. Drame social, satire de la société de consommation, thriller psychologique, horreur, absurde, comédie malaisante… chaque style invoqué aurait pu à lui seul être conservé tout au long d'une version du film. Mais le mélange des genres est un exercice délicat et Dream Scenario ressemble finalement plus à un brouillon de film qui part dans tous les sens et accole des genres sans réelle finalité. Ce mélange rend aussi moins crédible certains développements abandonnés en route comme la scène avec l'assistante qui est oscille entre le malaise, l'humour gras et l'horreur, tandis que toute la partie avec l'agence de communication est trop décalée et lisse, alignant les clichés sans réel incidence sur l'histoire. Nicolas Cage et ici fascinerons mais prends également tout l'espace. Les interactions avec le reste des personnages sont souvent très superficielles et abandonnées en cours de route. Ces filles font carrément de la figuration alors qu'elle même pourrait lui expliquer le malaise ressenti. Sa famille et ses rares amis, qui sont censés l'aimer ou du moins l'apprécier, ne font pas grand-chose pour l'aider et ne semble pas non plus avoir beaucoup d'empathie pour sa situation.

Le réalisateur prend presque trop de plaisir à humilier Paul et à l'enfoncer, jusqu'à cette scène où il est incapable de trouver l'interrupteur. En réalité plein de scènes m'ont marqué, mais je ne comprends pas ce que forment toutes ces pièces de puzzle disparates ni ce que je dois retenir du film. Ce qui à la longue m'a empêché de vraiment m'impliquer dans le film ou m'intéresser à ces personnages. Si je salue la grande créativité du film, je regrette que celui-ci n’ait pas resserré son propos et assumé davantage une trajectoire.