Je viens de vivre une expérience sensorielle particulière comme si "Drive" m'avait totalement guidée, conduite et bercée par différentes émotions. J'en ai le souffle coupé, la boule au ventre.
Si le scénario, les textes n'ont rien à envier, il en est autrement du visuel et du son. La mise en scène, les plans, les photographies (dont celles de Los Angeles au début, la scène sur la plage) sont esthétiquement remarquables, aussi gracieuses que troublantes. Le choix de la musique est marquant, il accompagne nos émotions, dirige nos attentes ou nos doutes à la perfection.
Cependant, au-delà du son, du visuel, ce que j'ai le plus apprécié est le traitement du silence. Ici le langage se passe de mot pour véhiculer plus de sens, une émotion,
une tension supplémentaire.
À cela s'ajoutent les sourires, les regards qui véhiculent eux aussi de profondes significations qui nous percutent plus fort encore. L'intensité du regard de Ryan Gosling est à couper le souffle, notamment dans la scène du café.
Le réalisateur joue bel et bien avec nous dans cette symbiose du son et de l'image, je viens de vivre un ascenseur émotionnel. Rien ne semble être laissé au hasard.
Si au départ l'ambiance est froide, le conducteur réservé mais attachant, le rythme évolue en crescendo en même temps que sa personnalité, l'homme semble devenir inquiétant et directif.
C'est un jeu sur les contrastes, entre son innocence et sa violence, la douceur de son sourire et son impulsivité, son amour et sa haine. La scène de l'ascenseur, un peu absurde, fixe ce contraste entre la tendresse d'un baiser quasi-onirique et le bain de sang réservé à l'ennemi.
Le rapport à la violence est lui aussi double, entre le choc et l'empathie. Les scènes sont parfois insoutenables, d'une violence inouïe et d'autres sont plus "touchantes" car elles sont présentées comme gratuites et injustes.
J'ai l'impression que le réalisateur a tiré les ficelles de mon esprit tel un pantin pour me tenir en haleine tout le long et me laisser perdue dans mes ressentis, ne sachant pas comment considérer le rôle de Ryan, un anti-héros coupable du pire pour le meilleur.

IsaureMercier
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le 21 juil. 2017

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Isaure Mercier

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