Très bon film dépouillé jusqu'à la trame avec des allures de classique. Une narration stylée quelquefois onirique - les filles du cabaret, les gangsters dans le café - et cauchemardesque. Dans des ombres et des lumières de toute beauté, la chanson phare Nightcall de Kavinsky accompagne Ryan Gosling qui roule des mécaniques en grande classe. Subtilité féline de la scène d'ouverture pour le jeu du chasseur et de la proie sous l'apparence d'une course poursuite. Des scènes qui tiennent la route : celle de l'ascenseur (émotionnel aussi...) quand le chauffeur sans nom aime et tue en moins de cinq minutes top chrono... D'un extrême à l'autre...Sans un mot, impassible.....Pas facile à porter ce bomber en satin orné dans le dos de la créature Scorpio du plus bel effet doré. D'un blanc immaculé au début de l'histoire, un crescendo de violence souille peu à peu ce vêtement emblématique. Le Driver Scorpion menace et tue toujours ses victimes en les surplombant. In cauda venenum.....dans la queue le venin....Et c'est souvent du très crade comme la scène de "l'intimidation" dans le cabaret et le massacre dans la douche (Psychose ?) ou la noyade d'un truand sur la plage. Sans jamais se départir de sa face d'ange exterminateur, il assassine sans vergogne libérant une cruauté jouissive de véritable psychopathe de sang froid. Décharge de violence archaïque comme preuve de son amour pour la veuve et l'orphelin, ou simple prétexte à cette énigmatique pulsion de mort ? Capable d'occire même son rival lui aussi tueur implacable, le laissant se vider de son sang, le Driver trace sa route sans ramasser le pognon dont il se fout éperdument. Créature de la nuit, le scorpion, signe astrologique de l'acteur natif de novembre, incarne la solitude, le silence et la mort.