Volonté d’envoûtement, et comment!

Volonté d’envoûtement, et comment!


Aussi comment dire surtout, puisque c’est la base même de ce film qui livre quelques belles choses. Et le réalisateur, Ryusuke Hamaguchi, qui s’était déjà fait remarquer par Senses 5 volets en deux parties, et Asako part 1 et 2, continue ici une sorte d’exploration lente des âmes qu’il semble ne jamais se repaître de sonder.


Dès lors donc, tout ce qu’il entreprend sous forme de cinéma est long et lent. Attention ! ce n’est pas toujours un défaut, loin s’en faut.


Yusuke et Oto sont un couple : elle est scénariste-productrice pour la télé, il est acteur-metteur en scène de théâtre.


La première scène les filme au lit (très belle caméra), après l’amour, elle raconte une histoire, un rêve, un scénario ? Plus tard, nous les retrouvons, complices, dans la voiture, c’est lui qui parait poursuivre le même récit.


Tout la première partie de ce film est à l’aune de cette introduction narrative : dire à travers la complicité de couple. Et pourtant.
Ryusuke Hamaguchi installe joliment ce qu’il veut faire, ce qu’il veut montrer et nous prend dans ses rets, et c’est volontiers que nous nous laisse faire, happés par une ambiance quelque peu lascive et envoûtante.


Puis l’histoire évolue et nous avec, le cinéaste a recours à Tchekhov et son Oncle Vania ! Et il fait bien; puisqu’il s’agit encore de dire les choses et dans ce cas-là les Tourmentés russes sont d’un grand secours. Mais peut-être trop… Le sentiment que Ryusuke Hamaguchi rate la destination du voyage de Drive my car.
En expliquant sans doute un peu trop le Dire et le ne-pas-Dire. Profitant du personnage en retrait de la conductrice de cette Saab rouge (on ne voit qu’elle à dessein, la voiture!), en ôtant en partie de la mélancolie enveloppante des débuts.


Le sens a t-il nécessité de supplanter la beauté ? Doit-on tout comprendre? Il n’est qu’à voir et revoir « Mulholland Drive » pour savoir que non. Ou n’importe quel film de Léos Carax; bien sûr la Beauté est le privilège des Arts…


Reste ici un joli film qui montrerait, selon moi, « des progrès » puisque Senses ne m’avait guère convaincu et que les deux premiers opus m’avaient grandement suffit.
Ryusuke Hamaguchi est donc un cinéaste à suivre.


EB


CineVu

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le 3 mars 2022

Critique lue 53 fois

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