Long mélodrame existentiel. Du pour et du contre. LE CONTRE : 1/ d’abord j’ai un apriori négatif contre les films dont le héros est un artiste, double du réalisateur (sauf chez Hong Sang-soo) ; quand en plus l’artiste est un metteur en scène (même de théâtre), la teneur en narcissisme dépasse la norme autorisée par mon médecin ; 2/ le scénario (prix à Cannes !) est plein de « bonnes idées », mais de bonnes idées littéraires, trop rarement incarnées dans la mise en scène ; 3/ le rythme languissant finit quand même par être un problème, déjà parce que le héros, un tantinet torturé comme tous les génies, a besoin de temps pour réfléchir, et il nous faut évidemment plusieurs gros plans interminables pour le comprendre ; mais même les dialogues tournent la plupart du temps à une succession de monologues pendant lesquels chacun s’adresse non pas à son interlocuteur mais à son moi souffrant; 4/ ma très mauvaise connaissance de la pièce de Tchékov (pardon! désolé! je m'excuse!) n'a pas arrangé les choses car elle semble être un élément essentiel du scénario. LE POUR : 1/ chaque fois que Hamaguchi filme avec ses yeux et pas avec son cerveau, c’est joli, en particulier les extérieurs, et la Saab 900 rouge est mignonne comme une coccinelle sur les autoroutes nippones ; 2/ j’ai été séduit par quelques plans ou scènes pleines de grâce, en particulier celles où Lee Yoon-a, le personnage de l’actrice coréenne muette, est présente, jusqu'à la sublime avant-dernière scène: mention spéciale donc pour son interprète Park Yu-rim. 3/ j'aime bien la morale du film:
l'Art sauve.
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