Sans scorpion, ni voisine envahissante

Gros moment de pur plaisir, Driver impressionne à tous les niveaux. Script sans bout de gras, personnages charismatiques servis par un casting solide et une réalisation brutale qui met à l'honneur la conduite pure. Ici c'est le bitume qui énonce sa loi et sans artifice s'il vous plait.


Son titre succin le promet sans détour, amateurs de pistons qui chantent vous allez être servis, The Driver c'est de la montée en régime de moulins soumis à rude épreuve pour des course-poursuites parfaitement gérées. Filmées au plus près de la route, l'impression de vitesse est présente et bien rendue, les moteurs rugissent comme de beaux diables. A part quelques inserts sonores qui viennent renforcer l'immersion (le jeu du chat et de la souris lors de la course poursuite finale par exemple) la part belle est faite au réalisme des moteurs et à leurs rugissements mécaniques.


Mais The driver, c'est avant tout une ambiance générale très couillue, qui joue au maximum sur l'épure pour mettre l'action au premier plan. Toute sa structure est construite comme un jeu : chaque personnage est posé dès le départ pour ne remplir qu'une seule fonction, les deux principaux se livrant une chasse sans merci lors de laquelle ils s'échangent le rôle de gibier par alternance. Les gamers penseront d'ailleurs forcément au Driver d'Ubisoft lors de la monumentale scène de recrutement. Il y est question, pour le pilote rookie, de faire ses preuves, en faisant visiter à ses passagers le moindre centimètre carré d'un parking sous-terrain.


Pour ne rien gâcher, tous les acteurs sont à leur place et donnent le change avec panache. Ryan O'Neal est le pilote idéal, imposant son charisme froid dès le début : méticuleux et sur de lui, il est le personnage sans faille qui n'hésite jamais (une inspiration certaine du driver de Refn). Chose surprenante, Adjani fait le boulot, son rôle est bien foutu, comme tous les autres, elle ne parle pas beaucoup mais sa présence est marquante, d'autant plus que Hill évite soigneusement de passer par la case romance balisée. Non, le bougre préfère se concentrer sur l'essentiel, du rythme, du rythme et encore du rythme, sans aucun superflu. Au final, on se retrouve avec une partie de plaisir concentrée en 1H20 qui se conclut avec panache, de la seule manière possible.


Il ne manque à cette péloche rugueuse qu'une photographie un peu plus inspirée ainsi qu'une édition DVD plus respectable. La seule disponible à l'heure actuelle est peu flatteuse pour ce film qui mérite pourtant d'être mis sous les projecteurs. Un avant Drive stimulant, qui n'a pas à rougir devant sa descendance, même si formellement parlant, il est clair que la version de Refn est d'un autre niveau.

oso
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le 7 avr. 2016

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oso

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