Drowning By Numbers est à la croisée des chemins. Ou des saisons. L'histoire sans fin du temps qui s'écoule vers une mort certaine et toujours naturelle. Que l'on compte les moutons, les étoiles ou les drames, les secondes ou les heures, rien ne saurait perturber le paisible cours du fleuve de la vie.
L'été peine à quitter le champ, refait surface au détour d'un rayon de soleil, d'une verte prairie ou d'une chaude nuit. Mais c'est l'automne qui s'installe. Souverain. Et avec lui le changement, la fin de l'acceptation et du déni. L'été endort les coeurs lascifs, abandonne ses victimes dans une douce torpeur, ferme les yeux de la justice. Quand l'automne rigoureux sonne l'heure du jugement dernier.
Gloire en ce jour aux natures mortes de l'artiste. Poétique en diable, inspiré comme rarement. Ô sauvages mantes religieuse, ô tristes sacrifiés, ô lugubre pénombre, votre beauté n'a d'égale que votre simplicité. Décevante simplicité. Surexplication et transparence, artifices indignes du maître de l'obscur.
Je te renie, l'artiste, car je t'ai compris.
Quel besoin, demandons-nous, de si piètres échanges, de si futiles propos? Quand l'évanescente splendeur d'un éternel instant comblait assurément l'esthète tapit en notre sein.
Tais-toi donc, imbécile, maudit sbire de la loi. Laisse voler ma pensée, épargne mon imaginaire. Il y a tant à rêver dans ces plans à la troublante profondeur, lorsque le décor devient sujet et le sujet décor. Lorsque l'érotisme et la sensualité s'entichent du vernis de la traîtrise.
Le ton est léger, presque trop, comme un été qui s'achève, avec ses déceptions, ses rancunes et ses vaines promesses. Vient alors un sourire. Vite réprimé car inopportun au possible. Pourtant inévitable et si peu à propos.
Le placement est osé, libre mais parfois balourd, beau mais un brin prétentieux. Victime d'un entourage clinquant et mystérieux, Drowning By Numbers pâtit de son ingénuité.
-IgoR-
7
Écrit par

Créée

le 9 mai 2014

Critique lue 833 fois

16 j'aime

8 commentaires

-IgoR-

Écrit par

Critique lue 833 fois

16
8

D'autres avis sur Triple Assassinat dans le Suffolk

Triple Assassinat dans le Suffolk
limma
9

Critique de Triple Assassinat dans le Suffolk par limma

De son titre original Triple assassinats dans le Suffolk, il ne faudra pas s'attendre à un film policier, malgré une sorte d'enquête en filigrane. On retrouve le style particulier de Greenaway pour...

le 19 nov. 2016

12 j'aime

4

Triple Assassinat dans le Suffolk
Clementinet
10

101 jeux de peter Greenaway , avant de mourir

Qu'est ce que tu fais , mon garçon ? Je compte les poils du chien Pourquoi faire ? Pour voir combien il y en a. On imagine Peter Greenaway faire cette scènette en manière d'auto-portrait ( portrait...

le 6 août 2015

12 j'aime

2

Triple Assassinat dans le Suffolk
LittleSparrow
9

Greenaway au top de sa forme!

J'adore l'esthétique de ce réalisateur! Je l'ai découvert avec "The Baby Of Macon" qui restera sans doute un de mes plus grands chocs cinématographiques avec ce super casting (Julia Ormond, Ralph...

le 7 août 2023

1 j'aime

Du même critique

Les Lumières de la ville
-IgoR-
10

Big City Lights

Il est facile de réduire ce City Lights à sa bouleversante scène finale. Elle le vaut bien cependant tant elle se fait la synthèse de ce que le cinéma muet a de meilleur. L’absence de parole est...

le 3 avr. 2014

68 j'aime

13

The Big Lebowski
-IgoR-
9

De temps en temps y a un homme...

Avec ce film, j'ai découvert l’œuvre des frères Coen. Il reste à ce jour l'un de mes favoris. Jeffrey Lebowski (Jeff Bridges), qui se fait humblement appeler "Le Duc", est un fainéant de première...

le 24 nov. 2013

57 j'aime

13

Les Premiers, les Derniers
-IgoR-
8

Feu ! Chatterton

Un ciel sombre, chargé. Au travers filtre un mince rayon de soleil. Bouli Lanners pose l’esthétique qui habillera son film d’un bout à l’autre. Un poing sur la table. Puis il pose ses personnages. Un...

le 30 janv. 2016

56 j'aime

26