En 1978, Yuen Woo-Ping sort Drunken Master avec Jackie Chan en vedette, popularisant ainsi la boxe de l’homme saoul. Immédiatement, d’autres films mettant en avant cet art martial particulier où il faut être bourré comme un coing pour être encore plus efficace au combat sortent dans les salles. The Story of Drunken Master (1979), Dance of the Drunk Mantis (1979), Drunken Tai Chi (1984), Taoism Drunkard (1984) sont quelques-uns des titres qui suivront jusqu’au film sans doute le plus connu du genre, Drunken Master II (1994), toujours avec Jackie Chan, sorti chez nous sous le titre Combats de Maitre dans une édition DVD dégueulasse au doublage français tout aussi dégueulasse. Depuis cette année-là, c’était le calme plat mais avec les DTV chinois actuels, ça ne dure jamais très longtemps, et il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir de nouveaux films estampillés « Drunken » débarquer dans les catalogues de iQiYi, Youku et consort. Par exemple, Drunken Master Su Qier, le film du jour, premier film de Li Da-Chuan, qui tente de faire revivre le mythe du mendiant So. Pari réussi ? Pas vraiment…


Sorti sous une tripotée de titres, Drunk Su Qier, Drunken Fist, ou encore Drunken Fist Su Qier, Drunken Master Su Qier nous conte l’histoire d’un jeune rebelle un peu torturé depuis la mort de sa mère, qui va se frotter pour faire le cake à un prince qui est en lien avec le trafic d’opium. Grand mal lui en a pris puisque qu’il va se faire piéger par le prince, qui va abuser de sa copine, tuer les serviteurs de sa famille mais aussi son père, le faire mettre en taule et le tabasser. La grosse tuile quoi. Et forcément, notre jeune héros, il l’a mauvaise et il va vouloir se venger. Mais comment faire ? Il n’est pas assez fort martialement. Heureusement, son vieux maitre, un pochtron de première, va le faire picoler à mort parce que « Bois et tu oublieras tous tes problèmes ». Et voilà, la boxe de l’homme saoul. Le scénario du film suit un schéma assez classique : les enjeux, le héros qui tombe bas, l’entrainement, la vengeance. Mais à cause de la faible durée du film, tout va bien trop vite et vingt minutes supplémentaires n’auraient pas été de trop pour donner à l’ensemble un peu plus de consistance et de cohérence. Pourtant, Drunken Master Su Qier se concentre pas mal sur ses personnages, peut-être un peu trop. Du coup, l’ensemble est un peu trop bavard et, en l’état, l’histoire d’amour entre le héros et sa dulcinée prend un peu trop de place par rapport à ce que le film a à proposer. Par conséquent, bien que les enjeux soient rapidement posés, le film est un peu trop long à démarrer, d’autant plus que le casting est assez moyen et ne permet pas de s’attacher aux personnages. En effet, à l’exception de Chen Guo-Liang qui respire le mal dans le rôle du méchant qui complote pour renverser le gouvernement, le reste des acteurs est assez moyen, sans réel charisme, assez lambda.


Autre chose qui fâche, c’est justement la boxe de l’homme saoul. Ici, elle est complètement accessoire étant donné que le héros ne s’en sert que quelques secondes lors du final. Et même là, les mouvements ne sont pas réellement bien faits. Aucune perte d’équilibre, aucun coup qui part de façon improbable, on se sent un peu floué car on a été attiré par le titre dans l’espoir de revoir ce style de combat aussi improbable qu’efficace. C’est dommage car malgré tout, les combats sont une des réussites du film. Bien moins hachés en termes de montage que dans beaucoup de productions du genre, avec parfois des enchainements de plusieurs coups sans coupe et une caméra dynamique, ils sont lisibles et plutôt sympathiques malgré leur faible durée. On soulignera également l’utilisation de vrais décors plutôt que des fonds verts, qui font que, visuellement, l’ensemble s’en sort plutôt bien malgré le faible budget qui semble avoir été alloué au film. Le réalisateur limite l’utilisation des CGI (et quand il les utilise, cela reste correct) et c’est une bonne chose tant ça souffle souvent le chaud et le froid habituellement. Mais c’est malgré tout bien peu si on prend le film dans son ensemble et le résultat est quand même très très moyen.


Drunken Master Su Qier est sauvé du fond du faitout grâce à quelques combats sympathiques et un visuel plutôt soigné. Mais si on prend le film dans son ensemble, on est dans quelque chose de très lambda qu’on oublie aussi vite qu’on l’a vu.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-drunken-master-su-qier-de-li-da-chuan-2021/

cherycok
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le 24 avr. 2023

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