Peter Berg fait partie -à l'instar d'un Michael Bay- de ses réalisateurs que l'on aimerait pouvoir croiser dans la rue afin d'échanger avec lui sur sa vision du cinéma...à coups de cric et batte de baseball évidemment.


Véritable tâcheron sans âme, ni personnalité, ni talent; le bougre a passé ses 10 dernières années à cachetonner sans vergognes - à l'instar de Michael Bay- en bon exécutant qu'il est pour enquiller une série de péloches toutes plus irregardables (pardon pour ce néologisme) les unes que les autres, allant de la farce cynique (Very bad things) au blockbuster pour neuneus (Hancock) pour finir sur cet immense gloubiboulga de n'importe quoi honteux que représentait le désormais naufragé "Battleship", déjà coulé avant d'avoir touché le public et dernière adaptation..transposition...téléportation (on ne sait pas vraiment) cinématographique d'un jouet de la franchise HASBRO après les "Transformers" de ...Michael Bay bien sur.


Alors quand on apprend que le prochain film de Peter Berg raconte l'histoire véridique de quatre soldats pris au piège lors d'une opération en Afghanistan, les prémices de diarrhées et vomissements nous titillaient instinctivement le transit quand on se souvient du pitoyable "Le royaume", apologie du droit d'ingérence que n'aurait pas renié BHL.
Seulement il convient de s’intéresser à la conception de "Du sang et des larmes" pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas d'une énième commande de studio, mais bien d'un projet muri de longues années par l'ami Berg, dont l'aboutissement sur grand écran était un objectif majeur pour le réalisateur.


Comme pour "No pain no gain" de Michael Bay (décidément) ce détail tient toute son importance puisque à l'aune de l'année 2014 nous pouvons crier haut et fort qu'il s'agit du meilleur film de Peter Berg MESDAMES ET MESSIEURS !!!
"Le meilleur du pire n'est pas forcément bien pour autant " diront les cyniques, certes mais "Du sang et des larmes" est un vrai bon film, un de ces drames poignants et humain montrant que sans être le plus talentueux du monde, un réalisateur peut déplacer des montagnes dès lors qu'il a une foi absolu dans l'histoire qu'il raconte.


Et Dieu sait que le pari était loin d'être gagné, car ici point question de retracer une grande bataille historique qui aurait changé le cours de l'histoire grâce aux cow-boys de l'oncle Sam, mais bien d'une opération militaire qui tourne mal, comme il y en des centaines mais dont l'Histoire avec un grand H préférè ne pas trop s'attarder.
C'est d'ailleurs la force de ce sujet qui permet à Berg d'éviter toutes les redondances liées au film de guerre. Pas de discours patriotique à tout va, de manichéisme obsolète, de discours politique hors de propos; mais avant tout une histoire d'hommes et de choix cruciaux à faire dans une situation délicate.


Et l'immersion est totale, du camp d'entrainement aux forets afghanes, pas une seconde on ne se sent éloigné de ces soldats, on partage leur camaraderie, leur beaufferie parfois, jusqu'au funeste sort qui les attend, cette implication est renforcée par un casting absolument parfait où Peter Berg semble prendre un malin plaisir à choisir un quatuor d'acteurs très propre sur eux (Wahlberg, Kitsch, Foster, Hirsch) pour leur faire vivre les pires situations imaginables. De mémoire ce cinéma, il faut sans doute remonter au "Prédator" de McTiernan pour voir des vedettes s'en prendre autant plein la gueule et quand on connait le titre original, on se dit que le choc sera plus intense que prévu.


Face à un ennemi bien identifié mais quasi invisible comme pour souligner l'absurdité d'une guerre qui n'en est pas une, Peter Berg parvient avec brio à osciller entre des moments de pure bravoure et d'autres beaucoup plus poétiques,mais difficilement soutenables, en évitant de magnifier ou dévaloriser la fonction soldat mais au contraire de souligner le courage de ses protagonistes en tant qu'êtres humains confrontés à une situation extrême.
Un ascenseur émotionnel intense allant de crescendo, ou l'on tombe avec eux , on hurle avec eux,on doute avec eux,comme si nous incarnions nous même un cinquième soldat jamais visible à l'écran.Une expérience quasi 3D en somme.


Évidemment la dénonciation de la guerre n'est pas un sujet neuf dans le cinéma hollywoodien mais à contrario de la poésie d'un Mallick ou de la crasse d'un Spielberg, rarement un réalisateur n'aura autant impliqué le spectateur dans ce que représente la souffrance de l'homme qui part au combat.
"Du sang et des larmes" prouve que la sincérité est la clé de voute de tout édifice cinématographique et même si l'on ne saurait être dupe que le prochain film de Berg sera encore une commande des décisionnaires d'Hollywood avec le résultat que l'on peut craindre, il a largement remporté ce pari et ses galons de réalisateur grâce à cette œuvre bouleversante qui fera peut être figure d'exception dans sa filmo.
Beaucoup de ses collègues ne peuvent pas en dire autant.

TomasGr
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le 10 mai 2015

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Tom R

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