Ca y est, on tient enfin le nouveau grand film de Christopher Nolan, plus de dix ans après Le Prestige. Loin de l'ambition démesurée de Inception, du brouillon scénaristique qu'était The Dark Knight Rises et du mélange des deux que constituait Interstellar, le réalisateur-scénariste britannique livre ici ce qu'il sait faire de mieux : des personnages bien écrits au service d'une histoire haletante.
Fait nouveau, il s'attaque ici à un évènement historique. S'il a déjà été prouvé que le point de vue anglo-saxon de l'histoire rend bien peu justice aux soldats français ayant combattu durant les évènements de Dunkerque, le film fait le job. Avec des lignes de dialogues réduites au minimum, Nolan réussit à ce que le spectateur se prenne d'intérêt pour des hommes dont il ne sait presque rien.
En nous immergeant pleinement à leurs côtés, par le biais d'une photographie de toute beauté et d'un son pas en reste, Christopher Nolan revisite à sa manière le film de guerre. Pas de bataille épique (à l'exception de quelques dogfights), pas de pion qu'on avance sur un échiquier, non, juste des soldats qui tentent, chacun à leur manière, de se tirer de ce merdier.
L'astuce scénaristique, spécialité nolanienne s'il en est, consiste à ce que chacune des trois sous-intrigues se déroule durant un laps de temps différent, pour toutes se réunir à l'occasion du grand final. Et qui dit trois timelines dit aussi trois fois plus de suspense et de rebondissements. Si l'un s'en est sorti, l'autre pourrait très bien ne pas en sortir vivant. Tout le film semble d'ailleurs être écrit comme une grande course contre-la-montre, si bien qu'aucune scène, même la plus anodine, ne nous laissera penser que les protagonistes sont en sécurité.
Cela se ressent également au travers des morceaux composés par Hans Zimmer, inhabituellement sobres mais parfaits dans leur rôle visant à rappeler le temps qui s'écoule. Les acteurs, tous inconnus ou presque (Christopher Nolan a invité deux-trois habitués de ses productions, ainsi qu'Harry Styles des One Direction -LOL), se montrent tous au niveau du long-métrage en mêlant pudeur et sobriété. Nolan ne met pas en scène des héros qui changeront le cours de la guerre, simplement des hommes recherchant uniquement la survie.
La manière qu'il a de les mettre en scène, pour illustrer tour à tour la peur (la scène d'ouverture où les allemands canardent le héros), la détresse (le soldat français qui enterre un soldat anglais non sans avoir récupéré sa tenue) ou même l'horreur (la noyade dans le bateau) achève de prouver que Christopher Nolan n'a pas son pareil quand il s'agit d'utiliser sa caméra.
Ceci achève de faire de Dunkerque une expérience sensorielle où rien ne nous est épargné pour nous immerger au coeur de cette débâcle. Les acteurs justes et mesurés, les plans de Nolan, l'histoire toute en sobriété, le son terriblement réaliste ... tout y est. Faire simple, voilà ce qu'il fallait à Christopher Nolan pour redevenir mon réalisateur préféré.