eXistenZ
6.7
eXistenZ

Film de David Cronenberg (1999)

David Cronenberg est un metteur en scène atypique capable du bon (A history of violence) comme du moins bon (La mouche reste pour moi un des films les plus nuls que j'ai vu étant jeune). Ô joie, eXistenZ fait partie de ses oeuvres les plus réussies. Pourquoi? Tentons de l'expliquer dans les lignes qui vont suivre?
Les fictions abordant le thème des jeux vidéos sont peu nombreuses comparé aux adaptations de jeux vidéos même qui elles se font de plus en plus souvent. En fait, il ne m'en vient qu'une seule en tête: Avalon de Mamoru Oshii. C'est donc avec un certain plaisir que l'on peut voir eXistenZ, qui est sorti justement avant le film du cinéaste nippon. Dans un futur proche, les jeux vidéos se connecteraient directement au système nerveux. Rapidement, la frontière entre la réalité et la virtualité va devenir trouble. Dès le départ, Ted Pikul se sent lui-même perdu dans cet univers. Plusieurs fois, il demande à la créatrice Allegra Geller si il est toujours dans le jeu. Petit à petit, le spectateur est lui-même perdu. Et rien ne va vraiment lui permettre de sortir de ce doute. La fin de l'oeuvre est à mes yeux magistrale. L'homme vit-il une vie parallèle à un jeu vidéo? Sait-il lui-même ce qui est réel ou non? La virtualité prenant de plus en plus de place dans la vie humaines (les jeux vidéos, certes, mais aussi Internet avec ces sites communautaires,...). Toutefois, dans un traitement comme celui-là, je préfère Avalon (par pitié, voyez-le si ce n'est déjà fait). Mais l'oeuvre de Cronenberg possède une idée très intéressante, puisqu'on ne trouve pas un seul ordinateur, téléviseur ou téléphone (le seul GSM vu est jeté hors de la voiture par Allegra). Le metteur en scène canadien s'explique: "Je voulais un monde qui captive le spectateur et l'arrache quelque temps à la réalité. Même si les gens ne remarquent pas l'absence de tels objets, celle-ci contribue au climat d'étrangeté du film. Plutôt que de recourir aux astuces habituelles du cinéma de Science-Fiction, qui consistent à ajouter des choses étiquetées "futuristes", j'ai procédé par soustraction."
Cependant, eXistenZ possède à mes yeux quelques défauts comme celui d'en faire trop. Ensuite, je trouve la forme des pods totalement ridicules et abjectes (bon, là c'est nettement plus subjectif et personnel mais tout de même). Enfin, point de vue des acteurs, Willem Dafoe est sous-utilisé, pour notre plus grand regret.
Evidemment, ce sont de petits détails mais eXistenZ demeure un très bon film à voir, car traité de manière intelligente.
Revenons sur les acteurs. Rôles très intéressants pour Jennifer Jason Leigh et Jude Law. Deux acteurs qui d'habitude ne me disent absolument rien et dont le jeu ne me fait ni chaud ni froid. Je trouve qu'ils se débrouillent ici très bien. Ian holm est par contre génial tout comme Willem Dafoe. Toujours est-il que ce dernier est essentiellement sous-utilisé (oui je sais, je me répête). On va toucher un mot sur la musique où David Cronenberg fait une fois encore appel à Howard Shore. Pour une réussite musicale de plus...
Sélectionné à Berlin en 1999, le film repartira avec l'Ours d'argent. Preuve que le travail de Cronenberg a été reconnu pour cette oeuvre. S'il ne s'agit probablement pas de la meilleure oeuvre du cinéaste, elle demeure d'un très bon niveau.
batman1985
8
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le 6 mai 2011

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batman1985

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