Plus qu’un making of du film

J’ai bien aimé ce documentaire et j’y ai appris plein de choses. « ET » c’est d’abord pour moi un souvenir de gamin. Nous allons voir le film à sa sortie en 1982 et…la file de spectateurs était si longue que nous avons dû renoncer, nous aurions raté la séance ! J'étais dépité et je n'ai jamais des files d'attente si longues! Il a donc fallu revenir une autre fois pour pouvoir le voir. Ces files interminables à travers le monde, on les voit et elles sont impressionnantes. On voit la toute jeune Drew Barrymore montrait en rigolant une de ces files en disant que la veille, elle faisait le tour du pâté de maison ! Le film est présenté en clôture du festival de Cannes et Spielberg raconte qu’il a reçu une standing ovation de près de 50 mn, il passait son temps à s’asseoir et se relever, ça ne lui était jamais arrivé avant…ni après d’ailleurs. Ce documentaire constitue un making of intéressant du film, de sa préparation à son accueil assez incroyable. Spielberg voulait faire un film à budget plus réduit que « Jaws » et surtout ne pas avoir les mêmes problèmes techniques constants qu’avec son requin mécanique qui lui avait souvent fait s’arracher les cheveux.

Les effets spéciaux numériques n’existant pas à l’époque, Spielberg fait appel à Carlo Rambaldi pour réaliser son extra-terrestre, celui a conçu le King-Kong de 1976 et l’Alien de 1979, quand même ! Et ce dernier nous raconte que pour « humaniser » sa créature, il a eu l’idée d’utiliser des yeux humains bienveillants, ceux d’Einstein et d’Hemingway par exemple, ainsi que les traits…de son chat ! C’est bluffant. Le résultat est incroyable : avec son armature en aluminium et ses câbles apparents, la marionnette est un petit bijou d'ingénierie, composée de 85 articulations mécaniques capables de faire bouger le nez, les yeux, les paupières, le cou, les bras. On voit des images du casting, en particulier de Henry Thomas, des images du tournage et c’est surtout cette capacité à diriger ses acteurs, en particulier les enfants qui est impressionnante chez Spielberg. On le voit discuter de jeux vidéo avec Henry Thomas et les gamins du film (« Space invaders » !!! Les plus anciens apprécieront 😉 ). La complicité avec Drew Barrymore est visible et la fin du tournage se déroule dans les larmes de chacun. Mais au-delà du tournage, le documentaire est plus que ça puisqu’il évoque, même rapidement, la portée de ce film qui est en réalité très personnel pour le réalisateur. Il nous raconte que c’est d’abord un film sur le divorce, les parents séparés et qui font ce qu’ils peuvent et la solitude d’un enfant que cette créature extra-terrestre va aider à grandir. Spielberg s’est largement inspiré de son enfance pour le personnage d’Elliott ainsi que sa situation familiale. On aurait bien aimé que cet aspect-là soit un peu creusé mais en 50 mn, on ne peut pas demander l’impossible. Au-delà de l’énorme blockbuster (le 1er de l’histoire du cinéma sans doute), Spielberg créait un hymne à la tolérance et à la différence, une ode à la liberté et à l’amitié même improbable, des thèmes qu’il allait utiliser dans pas mal de ses films suivants.