Earthlings
7.9
Earthlings

Documentaire de Shaun Monson (2005)

Une prise de conscience dont les gens ont besoin.

Un film avec une telle morale devrait être diffusé, relayé, et extrapôlé.

Lorsque nous y réfléchissons, toutes les évolutions majeures de notre société se sont faites en brisant les barrières de l'intolérance et de l'exploitation de ce qui nous est inconnu, barrières fixées par la peur, la méfiance. Le monde animal nous est fondamentalement inconnu. Nous l'utilisons alors de peur de manquer, de ne pas réussir à satisfaire des besoins créés de toute pièce par les mêmes qui exploitent la Nature.

Il n'est pas question ici de devenir végétalien ou d'arrêter de se nourrir comme certains peuvent l'avancer en se limitant au chapitre "Nourriture", mais de responsabiliser sa manière de vivre, c'est-à-dire de l'inscrire dans l'équilibre naturel des choses, en globalisant sa vision du monde.

Se nourrir est normal, c'est un besoin primaire et naturel, mais les artifices mis en place pour pousser les individus à consommer à outrance ont un impact sur le monde qui les entoure, et dont ils font partie, ce que la majorité des gens semble oublier, et que le système cherche à leur faire oublier. Nous ne sommes qu'un élément infinitésimal de l'univers, et à une plus petite échelle, une composante de la planète. Et pourtant, plutôt que fonctionner en symbiose avec elle, avec le système dont nous ne sommes qu'une variable, nous tentons à tout prix de l'exploiter, sans le comprendre. Pourquoi?
Les animaux ne disposent peut être pas d'une forme d'organisation sociale aussi théorisée et structurée (entendre par là compartimentalisée) que la notre, mais ils forment une société monde faite d'interactions, d'interdépendances, et d'équilibres qui fonctionne à merveille, et dont nous nous sommes coupés. Nous bouleversons cet équilibre, et par cela mettons en péril tant les autres espèces que la nôtre.

Il nous faut comprendre que la manière que nous avons de nous séparer du Monde, de ne nous individualiser, n'est PAS un phénomène naturel. Toute la structure de notre univers repose sur la notion globale d'équilibre, et nous cherchons à tout prix à sauter de la balance. À l'échelle atomique, ce sera une transformation permanente de l'énergie en matière et réciproquement qui permet à l'architecture de notre univers non seulement d'exister, mais aussi d'évoluer. À l'échelle cellulaire, c'est l'échange de molécules entre cellules qui permet une cohésion et la vie telle que nous la connaissons, et qui n'a cessé de s'enrichir de nouvelles caractéristiques tout au long de l'Évolution. À l'échelle de l'individu, c'est l'équilibre entre son esprit et son corps. À une échelle sociale, c'est l'échange entre les personnes tant d'idées que de ressources qui lui permet de prospérer. À l'échelle de la planète, c'est un jeu d'autorégulation. Lorsqu'une espèce devient trop nocive pour l'écosystème dans lequel elle évolue, il existera toujours une force qui viendra contrebalancer ce déséquilibre. Et logiquement, c'est à cela qu'il faut s'attendre pour l'espèce humaine si nous ne modifions pas notre rapport au monde. Cela peut-être dans longtemps, peut être pas (En cela, Interstellar est visionnaire. À ceux qui ne l'ont pas encore vu, foncez-y =D), mais une chose est sûre, ce sera dans l'ordre naturel des choses.

Je ne connaissais pas le terme de spécisme. Mais une chose est sûre, cette barrière de haine et d'incompréhension en tout point similaire au racisme, qui aujourd'hui nous horrifie (presque) tous, ce qui n'a pas toujours été le cas souvenons-nous en, a permis à certains de s'enrichir, de marchandiser la Nature, brisant ainsi des branches de l'évolution dont certaines étaient 100 fois plus anciennes et prolifiques que celle qui a vu pousser l'être humain, et de contrôler une part de nôtre nature, en atténuant la majeure partie de nos facultés cérébrales et physiques, telles que l'instinct de survie, seule peur rationnelle, ou la communication non-langagière, que nous tendons cependant à redécouvrir par le biais des sciences.

La seule peur qui nous anime aujourd'hui est celle de ne plus pouvoir consommer, et de fait, lorsque nous disposons des moyens que la société moderne nous a fourni, nous nous empressons de satisfaire non pas un besoin réel, mais les besoins que certaines personnes avides de profit se sont acharnées à nous imposer par diverses méthodes, et qui relèvent de fait plus du réflexe conditionnel que d'une volonté libre et consciente.

Nous en venons à accumuler toujours plus "au cas où", ce qui ne relève que de la peur irrationnelle que le système actuel se charge d'entretenir. Nous ne sommes plus gouvernés que par cette peur du manque, qui nous a conduit à confondre moyen et finalité. Se nourrir est un moyen de garder notre corps et notre esprit actifs pour lui permettre d'évoluer. Pas l'inverse. Nous ne sommes pas fait pour manger, boire et prendre du plaisir. Ce ne sont que des moyens pour évoluer, apprendre, et transmettre le savoir que nous acquérons.

Notre pensée et notre conscience se trouvent être complètement court-circuitées, et par conséquent nos actes ne sont donc plus libres, et cette peur irrationnelle nous pousse à croire que ce qui l'est peut nous être tant nuisible que profitable.
La gravité réside dans l'illusion de liberté qui est gravée dans notre intellect, et la définition de celle-ci. La liberté n'est pas de faire ce que l'on veut, mais ce que l'on veut sans nuire à ce qui nous entoure, tout ce qui nous entoure.
Mais encore faut-il réfléchir à ce que l'on veut, et comprendre les conséquences potentielles pour notre environnement, pour pouvoir prendre une décision libre, consciente et éclairée.

En cela, en exposant les conséquences, certes partiellement, mais de la manière qui est susceptible d'avoir le plus d'impact sur la pensée, utilisant notre révulsion naturelle pour tout acte de violence et les sentiments d'amour de l'autre qui sommeillent au fond de chaque être vivant, ce film est une ode à la libération de l'esprit, esprit qui se trouve malheureusement être aujourd'hui trop souvent instrumentalisé vers le profit.
PhiFou
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le 29 nov. 2014

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