Sorti en 42, soit au tournant de la guerre, le film atteint son but : Offrir un récit qui sert la propagande pro-alliés. Il se veut direct dans le propos, affichant la confrontation entre un groupe nazi infiltré sur le territoire américain et une bande de parieurs de Broadway composée en grande partie de petites frappes. Si le tableau n'est pas reluisant, quelques touches d'éclat parsèment cependant le film, le rendant finalement agréable à regarder jusqu'au bout.

On retrouve Humphrey Bogart qui, s'il ne tient pas là l'un de ses plus grands rôles, s'en sort avec les honneurs au milieu de sa bande de gangsters un peu maladroits. Malheureusement, son personnage s'embourbe vite dans un pot-pourri de caractères si bien qu'il est finalement difficile de le cerner, tour à tour sérieux, comique ou accroché aux jupes de sa mère, il est à l'image du film qui peine à s'unifier, passant du coq à l'âne dans les dialogues et même dans les transitions entre scènes.

Son opposition avec Conrad Veidt, le meneur nazi, rappelle forcément Casablanca, et pour cause puisque le film de Sherman sort peu dans de temps avant celui de Curtiz, mais aussi 5 jours avant Pearl Harbor ( Ironiquement, les allemands veulent faire sauter un cuirassier américain ).

J'ai retrouvé avec plaisir Peter Lorre qui m'a cependant moins convaincu, cantonné à un rôle de tueur trop statique. Kaaren Verne ne possède pas le charme de Bergman mais s'en tire plutôt bien dans un rôle assez classique qu'il est inutile d'étaler ici pour les besoins de l'intrigue. Les autres rôles sont un peu surjoués et sont loin de bénéficier des meilleurs lignes, ils tentent tant bien que mal de relever le caractère comique du film qui fera esquisser quelques sourires lorsque confronté à l'ironie de Bogart, mais qui comme je l'ai dit, fait que le film s'éparpille trop pour être vraiment percutant.

En somme, cela se laisse regarder sans soucis, malgré quelques incohérences de scénario qui feront hausser les sourcils, et laisse entrevoir ce que pouvait être un banal film de propagande américaine des années 40.
JuYawn
5
Écrit par

Créée

le 10 janv. 2012

Critique lue 645 fois

3 j'aime

JuYawn

Écrit par

Critique lue 645 fois

3

D'autres avis sur Échec à la Gestapo

Échec à la Gestapo
tryon
4

Chessecake & Gestapo

Bogart est un joueur professionnel, baladant avec lui toute une clique de malfrats, à l'instar d'un Don Corleone du pauvre, mène une enquête avec sa maman et une blonde générique dans les pattes et...

le 8 mai 2023

Du même critique

La Conjugaison pour tous
JuYawn
1

D'une prétention sans nom.

J'ai jamais vu une telle prétention et un tel narcissisme. L'auteur, ce fameux Bescherelle, ne fait qu'énumérer sa science. Imbus de lui-même jusqu'à la moelle, il nous jette à la figure son savoir...

le 7 déc. 2010

103 j'aime

7

Justin Bieber : Never Say Never
JuYawn
1

Un clic.

Un petit clic vous sépare de la jouissance, de la délivrance, du nirvana, de la satisfaction ultime. Un seul clic de souris. Votre main tremble, anticipant cet instant magique, comme si le poids d'un...

le 20 févr. 2011

90 j'aime

8

Le Lotus bleu - Les Aventures de Tintin, tome 5
JuYawn
9

Skronyonyo de merde, c'était si bon que ça ?

Dans ma relecture de la série d'Hergé, je crois m'être pris une grosse claque en lisant cet album. Comment avais-je pu ne pas l'aimer quand je l'avais lu dans ma jeunesse ? Comment avais-je pu garder...

le 11 juin 2011

35 j'aime

12