Particulièrement prolifique - il réalisera près de 50 long-métrages au cours de sa longue carrière - Gilles Grangier tournait parfois plusieurs films au cours de la même année.
Ainsi, en cette année 1958, ce ne sont pas moins de 3 films de son crû que les Français pourront découvrir sur leurs écrans : "Echec au porteur", "Trois jours à vivre", et "Le désordre et la nuit".


Si ce dernier relève clairement le niveau, les deux premiers cités ne m'auront guère emballé, alors même qu'"Echec au porteur" jouit d'une bonne réputation auprès des cinéphiles, que j'ai bien du mal à m'expliquer.
Un point de départ laborieux (de la drogue puis une bombe dissimulées dans un ballon, malencontreusement échangé avec celui des gamins), des méchants qui changent d'avis en pleine mission (tiens, si on le tuait finalement), pour une intrigue transparente dès le départ, reposant seulement sur un suspense bien artificiel.


Certes, je reconnais à cette adaptation du roman de Noël Calef (publié deux ans plus tôt) quelques audaces bienvenues, à l'image du changement de personnage principal à mi-parcours.
On pourra aussi souligner la volonté de réalisme dans la présentation des méthodes d'investigation de la police, qui se professionnalise et se spécialise en différents corps d'intervention.


Le problème, c'est que ce souci de crédibilité se heurte de plein fouet à la représentation des méchants : effrayants peut-être, mais surtout idiots et cartoonesques, bien peu réalistes en l'occurrence. Parmi ces derniers, on aura néanmoins le plaisir de reconnaître Gert Froebe - le futur Goldfinger - mais aussi Reggie Nalder, l'horrible tueur dans "The Man Who Knew Too Much".


Toujours côté casting, on soulignera la belle présence sobre de Paul Meurisse, et celle des amants maudits Serge Reggiani et Jeanne Moreau - au temps de présence à l'écran limité.


Sans être une purge, cet "Echec au porteur" s'apparente au tout-venant du divertissement populaire de la fin des années 50. Aujourd'hui, son principal intérêt réside dans sa fonction de témoignage nostalgique, et dans le plaisir de se plonger dans cette atmosphère désuète.
Je reconnais d'ailleurs qu'à une époque, j'aurais été sensible à cet argument, et sans doute plus généreux dans ma notation, mais désormais j'ai vu trop de film similaires de cette période pour me contenter de si peu.

Val_Cancun

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