Échos d'un sombre empire
7.2
Échos d'un sombre empire

Documentaire de Werner Herzog (1990)

Fata Morgana, Leçons de ténèbres, La ballade du petit soldat, Gasherbrum...


En une certaine quantité ( et qualité ) de films le cinéaste globe-trotter Werner Herzog est parvenu à révolutionner le cinéma documentaire, lui offrant à chaque fois une dimension quasiment épique et poétique... à tel point que ces explorations, témoignages et autres reportages atteignent souvent la même excellence que certaines des fictions du réalisateur, tout en gardant de leur sève réaliste et de leur portée instructive.


Avec Echos d'un sombre empire Herzog redéfinit tout un pan de l'Histoire de la République Centrafricaine, s'attardant avec fascination sur la figure du dignitaire tyrannique Bokassa. Prenant comme narrateur un journaliste ayant survécu aux exactions dudit dirigeant Werner Herzog retrace le parcours d'une entité trouble, volontairement despotique et potentiellement barbare, véritable patriarche et redoutable mégalomane.


A la manière d'un Caligula, en grand admirateur de Napoléon Bonaparte Jean-Bédel Bokassa fut visiblement une personnalité de tous les excès : d'abord modeste soldat pour l'armée française il devint par la suite un homme politique notoire s'autoproclamant empereur, martyrisant les laissés-pour-compte en les emprisonnant voire pis. En effet l'anthropophagie de Bokassa demeure une réalité pour un bon nombre des intervenants du film, Werner Herzog dévoilant sans misérabilisme cet aspect tant discuté et controversé de la vie du président centrafricain.


De forme hétéroclite, puissamment accompagné de grande musique et souvent passionnant dans sa construction Echos d'un sombre empire tient parfois de l'élégie, ou du moins du poème filmique. Dense et doué d'emphase ce témoignage reste un incontournable herzogien totalement représentatif de son Cinéma : celui d'un Art capable d'embrasser le Monde et ses richesses tout en conduisant un niveau de lecture plus empirique et nettement concret. Un très grand documentaire.

stebbins
8
Écrit par

Créée

le 2 août 2016

Critique lue 233 fois

2 j'aime

stebbins

Écrit par

Critique lue 233 fois

2

D'autres avis sur Échos d'un sombre empire

Échos d'un sombre empire
ValM
8

Voyage au pays de l'oubli

Documentaire absolument fascinant que cette plongée dans les ruines du règne de Bokassa. Le film de Herzog a cela de particulier qu'il est autant une enquête sur ce règne qu'un portrait du...

Par

le 15 janv. 2016

4 j'aime

Échos d'un sombre empire
stebbins
8

Elégie d'un anthropophage

Fata Morgana, Leçons de ténèbres, La ballade du petit soldat, Gasherbrum... En une certaine quantité ( et qualité ) de films le cinéaste globe-trotter Werner Herzog est parvenu à révolutionner le...

le 2 août 2016

2 j'aime

Échos d'un sombre empire
renardquif
9

Critique de Échos d'un sombre empire par renardquif

-Film d'auteur de Werner Herzog (les documentaires sont une catégorie de films d'auteur puisqu'ils impliquent un rapport avec le réel). Le cinéaste donc du Le pays où rêvent les fourmis vertes, un...

le 8 janv. 2023

1 j'aime

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5