L'art de ne pas exploiter une mine d'or, tout en restant aimable

Cette adaptation de light novel [japonais] pourrait être un excellent blockbuster, d’ailleurs ses armes sont éblouissantes. Malheureusement, c’est une déclinaison du même film présenté en triple exemplaire chaque été depuis la fin de la décennie 2000. World War Z est sorti du lot parce qu’il assimilait ouvertement et avec panache les références zombies, ayant valeur de casse-dalle de luxe d’ici la saison 4 de Walking dead. Rien de tel avec ce Edge of tomorrow, gérant ses superbes opportunités avec un manque de vision étourdissant.


On passe à la séance à piétiner avec Tom Cruise. Rien n’évolue dans la boucle temporelle dans laquelle il est enfermée et ses progrès sont extrêmement lents. Seconde heure, second palier, désormais on poursuit la journée et les possibilités de reprendre à zéro s’amenuisent. La contrainte est positive car elle doit forcer Cruise et Blunt à monter au créneau. Et pourtant là encore, il faudra tout gâcher systématiquement, retardant un dénouement éminemment banal : pyrotechnie morte et élégante avec à l’appui visions du Louvre à l’heure de l’apocalypse.


La grandiloquence lasse habituelle est de mise. Le divertissement est assuré, car la rapidité et la débauche d’action engloutissent les frustrations ; à chaque minute, on veut bien encore laisser sa chance au film, surtout que certains dialogues ont du panache. Mais Edge of tomorrow est victime de son absence d’astuces assez tragique compte tenu du potentiel de son concept, loin de l’efficacité de Looper. Comparé aux références récentes les plus mainstream dans l’action et le SF, Edge n’est qu’un fantôme adroit.


Il est cependant bien plus charmant et vivant que le film moyen dirigé par Doug Liman, auteur de l’imbuvable Mr & Mrs Smith et de la torture Jumper. Même La mémoire dans la peau est un film assez mort, malgré son charme et son brio ; les suites par Greengrass ont d’ailleurs validé cet étrange climat, en étant eux aussi de relatives réussites. Et puis c’est l’occasion de faire le point : il n’y a que très peu de mauvais films dans la carrière de Cruise et juste quelques produits légèrement saoulants comme celui-là.


http://zogarok.wordpress.com/2014/12/10/edge-of-tomorrow/

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le 8 déc. 2014

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Zogarok

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