Les merveilles de Tim, cinéaste onirique aux mains d'argent
Edward aux mains d'argent est un film sombre. Celui qui a est à la source du succès de la magie noire de Tim Burton, cinéaste maléfique. Edward est un monstre et c'est dans le sang que baignera la caméra pour tourner un film aussi génial que terrible.
Voilà globalement la critique que j'aurais écrite avant de voir le film (un rien caricaturée, je vous l'avoue). Et puis le film commence.
- Il neige
- Ah, j'ai tout compris, c'est une boule en verre avec de la fausse neige que l'on secoue pour la faire tomber.
-Mais non, il y a une grand-mère qui parle !
"Why is it snowing grandma ?"
-T'es sûre que c'est le bon film ?
Edward aux mains d'argent est un film poétique, charmeur, un film qui nous transporte une nouvelle fois dans le monde fantastique de Tim Burton. Tout le génie de Burton consiste à avoir créé son univers cinématographique assez décalé pour nous transporter dans un ailleurs mais suffisamment proche de la réalité pour ne pas nous perdre. Et c'est cet univers, qu'à chaque film de Tim Burton (je n'en ai vu que 4 mais ça me semble suffisant pour l'affirmer) l'on plébiscite chaleureusement. Edward aux mains d'argent est caractéristique de cet univers que seul Tim sait créer, cet univers si particulier, entre délire et imitation du réel, auquel seulement on pourrait reprocher son aspect envoûtant par lequel s'évaporent nos dernières goûtes d'objectivité. Et cela se fait, outre par le talent de Tiö Burton, grace au concours de Johnny Depp et Danny Elfman. Depp dont le jeu est presque parfait, dans son role avec un jeu convenant parfaitement à l'univers de Tim Burton ; et Elfman dont la musique grandiose participe grandement à rendre le film envoutant.
Edward aux mains d'argent est également une critique, assez facile je le conçoit, d'une société américaine superficielle. Qu'a Edward de si spécial ? Il est différent. Alors qu'on pourrait croire à une culture de la différence, c'est au contraire une culture de l'imitation qui habite ce quartier pavillonnaire presque caricatural. Tout est pareil. Si Edward est différent, jamais il ne pourra s'intégrer parmi les autres. Sa différence en fait quelqu'un d'à part et non pas rejeté. C'est un groupe uni et sans forme qui l'observe avec intérêt et c'est le même groupe uni qui le rejette peu à peu. Ils le rejettent toutes. Toutes ? Non, un jeune fille résiste encore et toujours à l'envahisseur qu'est la conformité; elle-même dont Edward est tombé amoureux.
On vient donc au reproche principal que je ferais à Edward aux mains d'argent. Le film est affreusement manichéen, affreusement gentillet. "Cela fait partie de la poésie du film", me répondra @Hypérion la larme à l'oeil. Oui...mais non. On peut faire de la poésie sans avoir une vision trop simple du monde ni tomber dans l'horreur la plus totale. Certains l'ont fait, pourquoi pourquoi pas Tim ?