L'une des œuvres les plus célèbres et les plus touchantes de Tim Burton, "Edward aux mains d'argent" est également la naissance de la collaboration du cinéaste avec Johnny Depp, depuis devenu son acteur fétiche pour le meilleur ("Ed Wood", "Sleepy Hollow") et pour le pire ("Alice au pays des merveilles"). Réalisé en 1990 quand Burton était encore à l'apogée de son art et qu'il nous gratifiait de contes poétiques, odes au bizarre, au macabre et à la différence, "Edward aux mains d'argent" est un conte moderne avec ses allures de "Frankenstein", dénonçant la bêtise d'une société américaine bien-pensante où les ragots et les mégères font plus de mal qu'un coup de poignard. Nous découvrons donc Edward en même temps que Peg, représentante en cosmétiques. Création d'un inventeur décédé trop tôt (Vincent Price émouvant dans son dernier rôle), Edward a des ciseaux en guise de mains. Ramené chez Peg, il va utiliser ses ciseaux pour se faire une jolie réputation dans une banlieue pavillonnaire colorée mais affreusement identique avant de faire le pas de travers qui feront passer le regard des gens de l'émerveillement au mépris tandis que celui de la jeune et jolie Kim évoluera dans le sens inverse de ses pairs. S'il est loin d'être le meilleur Burton (on lui préfère la noirceur de ses "Batman", de "Sleepy Hollow" ou la déclaration d'amour au cinéma d'"Ed Wood"), "Edward aux mains d'argent" enchante de bout en bout (même s'il a ce côté malsain de malmener ce pauvre personnage que nous adorons tant). Nous avons là toute l'inventivité d'un cinéaste au service d'une histoire simple mais émouvante, décidé à offrir au spectateur un beau message de tolérance tout en renvoyant aux américains moyens une image peu reluisante sous le vernis des ongles manucurés des femmes au foyer et la peinture chatoyante de leurs maisons. Comme toujours chez Burton, la beauté se cache ailleurs. Dans le cœur d'un homme naïf mais différent (Johnny Depp, se glissant à merveille dans la peau du personnage) habitant dans un château aux airs peu accueillants mais au jardin enchanteur. Un joli conte aux images superbes et à la musique envoûtante.

Alexandre_Coudray
8

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le 30 mai 2016

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