J'ai revu Effroyables Jardins en octobre dernier, et j'ai toujours un plaisir immense à regarder ce film de Jean Becker.
Je trouve d'ailleurs que c'est un film qui est souvent sous-estimé, tout comme l'est, d'une manière générale, le cinéma de Jean Becker : un cinéma juste, profondément humain et souvent rural, qui privilégie les émotions simples et les destins modestes.
Même s'il n'atteint pas la perfection (d'où mon 7/10), Effroyables Jardins a réussi, une fois de plus, à me toucher. C'est une œuvre qui, je pense, mérite d'être vue, ou revue, pour la tendresse et l'humanité qu'elle dégage.
Les points forts
- Émotion et acteurs : L'histoire, racontée en flash-back, part d'une situation en apparence ridicule : Lucien, l'adolescent, a honte de son père instituteur qui se donne en spectacle comme clown amateur. La réponse, que lui donne le meilleur ami de son père, André (brillamment interprété par André Dussollier), nous plonge en pleine Seconde Guerre mondiale.
- Le point fort incontestable est la séquence de la fosse. On nous montre la peur, la fraternité et l'absurdité de la guerre à travers les yeux de ces hommes ordinaires. Le numéro de clown sous la menace de la mort est à la fois désopilant et profondément poignant. J'ai trouvé que Villeret et Dussollier forment un duo parfait, tout en nuances et en simplicité, apportant cette poésie qui s'immisce dans l'horreur.
Les faiblesses : Douceur et forme
Cependant, ma note de 7/10 reflète aussi des défauts qui m'ont semblé évidents.
- Réalisation et Rythme : Bien que le style de Jean Becker soit efficace pour planter le décor rural qu'il affectionne, la réalisation reste très classique, voire un peu troptélévisuelle par moments, manquant d'une certaine audace visuelle. Le rythme est inégal ; la première partie, notamment le cadre des années 60, s'étire un peu avant d'arriver au cœur du récit en 1944.
- Scénario et Adaptation : Le film est parfois trop dans les bons sentiments. L'adaptation du roman de Michel Quint semble avoir adouci les angles pour privilégier la leçon de vie sur la noirceur historique. Cela rend l'ensemble un peu moralisateur et certaines ficelles narratives sont un peu trop visibles.
- Personnages secondaires : Si le duo principal est impeccable, certains personnages secondaires (notamment la mère) sont sous-développés et ne servent parfois que de faire-valoir pour l'histoire principale.
Conclusion
Effroyables Jardins est un film chaleureux et émouvant qui parle de l'amitié, du courage discret et de la manière dont l'humour peut être une forme de résistance et de survie. En sortant, j'ai eu le sentiment d'avoir assisté à une belle ode à la petite humanité, celle qui fleurit même dans les circonstances les plus effroyables.