Un film réservé aux initiés

   En grand amateur de l'une des séries les plus réussies de ces dix dernières années, l'annonce d'un film épilogue a suscité mon excitation, tout comme elle a fait naître en moi quelques craintes et certaines interrogations...

Comment mettre un terme au mystère du dernier épisode ? Ne vaut il mieux pas laisser libre cours à l'imagination du spectateur ? Comment replonger le spectateur dans un univers qu'il a quitté , il y a maintenant 6 ans ?

Autant de questions auxquelles Vince Gilligan répond dès les premières minutes d'El Camino.

   Nous retrouvons donc Jesse Pinkman (Aaron Paul) là où nous l'avons laissé, en fuite, après avoir échappé à ses geôliers. Un Jesse Pinkman, seul face à lui même et face aux traumatismes causé par sa séquestration que le spectateur revit au travers de fréquents flashbacks traumatiques. 
            Une seule idée l'obsède : fuir ; fuir loin de son ancienne vie, loin de son passé de fabricant de méth. Jesse recherche par tous les moyens à quitter le pays, ce qui nous permet de renouer des liens avec certains protagonistes de la série tel que  Ed Galbraith (Robert Forster),  Skinny Pete, Badger etc.. Mais cette fuite a un prix, le fuyard se lance alors dans une quête de liquidités non sans risques. 
   Tout est fait pour que le spectateur ait l'impression de n'avoir jamais quitté l'univers Breaking Bad.  L'atmosphère est lourde de tension, une tension qui nous tient en halène pendant près de 2h. 

Vince Gilligan reste fidèle à sa création et livre au travers d'El Camino un superbe épilogue à sa génialissime série; son souhait semble réellement de mettre un point final au destin de Jesse Pinkman, le film a donc but et non celui de simplement refaire revivre une série à succès par l'intermédiaire d'un film.
Le réalisateur offre aux fans un cadeau sans pareil, il ne tombe donc pas dans l'épilogue spectaculaire (et souvent incohérent) comme ont pu le faire certains créateurs... Cette volonté est notamment exprimée au travers de la mort réelle de Bryan Cranston.
Et oui, Heisenberg est bel et bien mort et laisse son acolyte écrire son propre destin, sa propre fin.

Un film simple sans fioritures mais très efficace, qui je le pense ravira tout fan de la série. Il faut en effet, aborder El Camino comme un épisode XXL de Breaking Bad et non comme un banal film. Les non initiés n'y trouveront donc pas leur compte et ne seront pas happés par cet épisode final.

Je salue donc le pari réussi de mettre un point final à une série qui n'a rien perdu de sa superbe.