La première moitié d'El Nino Pez, on se sent un peu perdu. C'est une histoire d'amour entre une adolescente, Lula, et une bonne, Guayi, au sein d'une famille bourgeoise argentine, sur fond de mort et de légende aquatique et ténébreuse. Sauf que le récit n'est pas raconté de manière chronologique, et que nos sens en sont tout perturbés.


Où sommes-nous ? Au Paraguay ou en Argentine ? Les aller-retours incessants de Lula, pleurant dans un car, ne laissent pas beaucoup d'indices (pour un spectateur européen ?). De même, quelle est la timeline du film ? Le montage nous présente une série de scènes dans un désordre voulu sans rupture, ce qui rend la compréhension générale très floue. Le père est-il déjà mort ou non, la mère est-elle rentrée d'Europe ou non, le fils va-t-il entrer en désintox ou en revient-il ?


Malgré le caractère indistinct d'une intrigue qui ne se dessine que très lentement, on suit notre héroïne qui aime cette fille indigène. Quelle est la nature exacte de leur relation ? On ne sait pas quand cela a commencé, les émois homosexuels de la jeune enfance ne sont pas abordés (et c'est tant mieux). Leur lien est déjà bien entamé quand le film commence, et leur histoire raconte une partie de l'histoire de l'Argentine, terre composée de descendants espagnols et de natives, ne possédant peut-être toujours pas les mêmes droits ?


Ce qui nous engage dans cette histoire, malgré un montage nébuleux, c'est l'attractivité qui se lit dans le regard des actrices lorsqu'elles sont ensemble. Plein de fougue, d'électricité. Ce n'est pas un film sexuel dans le sens où il n'y a quasi pas de scènes de sexe, entre elles, les seules scènes de sexe sont hétérosexuelles, non consenties dirait-on et ne touchant pas à la racine du plaisir. Le couple créé par ces filles nous est montré par Lucia Puenzo avec beaucoup de tact (male gaze, où es-tu ?), de complicité, d'ambivalence (d'amour, de sexe). Elles parlent de prendre la route, de fuir, vivre ensemble, surtout Lala, mais la société les retient, les hommes.


Enfin, avant que le film ne se fasse plus noir et obscur, un mystère aquatique et végétal règne autour de ce petit bonhomme qui a donné son nom au titre, El nino pez. À travers les larmes ou le regard franc de Lala, on plonge dans cette eau mystérieuse d'un lac ou dans sa baignoire, à la recherche de cet enfant perdu. On se laisse impressionner par ces grands arbres qui bordent la route menant au Paraguay, et par cette légende locale qui fait baigner le film dans une ambiance spéciale, dans les racines des arbres coincées sous l'eau, dont on essaye de s'extirper par un puissant amour qu'on porte à l'autre.

Cambroa
7
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le 2 févr. 2021

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