Alors qu'il est poursuivi par le shérif Dana Stribling, Brendan O’Malley décide d'aller rendre visite  à Belle une femme dont il fut amoureux dans sa jeunesse. Celle-ci a cependant entre temps eu une fille et c'est marié avec John Brenckenridge, un fermier qui doit par ailleurs conduire son troupeau du Mexique jusqu'au Texas où O’Malley est justement recherché. Ayant besoin de main d'œuvre pour mener à bien son convoi John Brenckridge engage O’Malley pour l'aider, sans savoir bien sûr que celui-ci est amoureux de sa femme et attiré, semble-t-il, également par sa fille. Le shérif arrivé peu après décide, lui aussi, d'accompagner le troupeau en tant que pisteur, pactisant avec celui qu'il recherche pour attendre le Texas afin de régler leurs comptes. Mais le trajet jusqu'au Texas sera loin d'être de tout repos, tempête de sable, indiens intéressés par le bétail et autres bandits seront aussi de la partie.


Si le film est bien évidemment un western c'est aussi par bien des aspects une histoire d'amour. En effet si Brendan ne perd pas de temps à dévoiler qu'il a toujours des sentiments envers Belle, le shérif Stribling finira à son tour par dévoiler ses sentiments à la tout juste veuve -lui-même étant veuf- avec qui il projette directement de se marier. Brendan d'abord logiquement jaloux va ensuite s'orienter vers Missy (la fille de Belle) amoureuse de lui depuis qu'elle l'a rencontré et sur qui il projette le souvenir de Belle lorsqu'il l'a connue, souvenir dans lequel il est resté figé et dont il en fin de compte beaucoup plus amoureux que la femme que Belle est devenue. C'est cet amour pour ce souvenir qui va ainsi le faire tomber fou amoureux de la jeune fille d'une manière qu'on peut qualifier d’irraisonnable notamment à cause de leur différence d'âge qui pourrait faire de Missy sa fille.


Tout de noir vêtu, Kirk Douglas incarne dans ce film un héros loin d'être droit dans ses bottes. Il est présenté comme impulsif, un brin cupide et égoïste (lorsqu'il exige 1/5 du troupeau en échange de son aide pour le voyage), on l'imagine recherché pour meurtre bien que film reste relativement vague à ce sujet, il est tourmenté par le souvenir d'une femme dont il est resté amoureux toute sa vie malgré les années et par le fait qu'au Texas c'est à coup sur la mort qui l'attend. Bref, Brendan O'Malley est un héros des plus tragique, qu'on imagine condamné d'avance malgré tout ce qu'il pourrait faire pour empêcher son sort funeste.
Le personnage de Rock Hudson est quant à lui l'exact opposé, il incarne de manière presque froide, en réalité, la loi et l'ordre, mais se montre aussi chaleureux et protecteur à l'égard de Mme Brockenridge et de sa fille, on a ainsi de la sympathie pour ce shérif investie d'une mission qu'il sait devoir remplir et qu'il remplira coûte que coûte, même si on comprend qu'il le fait en partie à contrecœur.


Ainsi même s'ils apprendront au fil à mesure du film à s'apprécier et à s'estimer malgré tous les différents qui les opposent nos deux protagonistes savent qu'en arrivant au Texas ils seront obligés d'en finir, de s'affronter et qu'un des deux périra quoi qu'il advienne.
Le nom original du film : « The last sunset » pouvant paraître plutôt générique au premier abord, prendra en réalité alors tout son sens dans cette dernière demie heure, lors-qu'avant de partir pour l'affrontement inévitable, Brendan O'Malley promet à la jeune Missy qu'il sera de retour avant que le soleil ait fini de se coucher.
Brendan O'Malley préféra donc courir vers sa mort que de s'imaginer plus longtemps un amour impossible avec Missy auprès de qui il n'aura pas la force d'avouer et d'assumer -ainsi qu'à lui-même- la troublante vérité qui unit ces deux êtres.


Je n'ai pas parlé de Dorothy Malone qui incarne Belle, son interprétation est aussi pleine de justesse. On l'a sent toujours ressentir malgré elle des sentiments pour Brendan O'Malley et la scène où elle lui apprend la fameuse vérité a vraiment quelque chose de magistrale.


Si le film brille notamment donc par son dernier acte tout en tension et révélation on pourrait cependant lui reprocher de le faire arriver après une longue attente qui donne ainsi au film de légère longueur par moment, elle permet cependant un développement des personnages nous les rendant d'autant plus attachant une fois la conclusion venue et la faire attendre rajoute certes du poids à celle-ci.


Scénarisé par Dalton Trumbo, à la demande de Kirk Douglas, à qui l'on doit aussi le scénario de Spartacus,  El Perdido a en effet par des aspects des relents de tragédie grecque, lui donnant une atmosphère très différente de ce qu'on peut avoir l'habitude de voir dans des westerns hollywoodiens.

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le 31 oct. 2021

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