El Valley Centro
7.8
El Valley Centro

Documentaire de James Benning (1999)

James Benning... Le nom d'un cinéaste évoquant d'emblée la notion de temps, et plus précisément de temps qui passe. Réalisateur expérimental, capteur d'images naturelles ou peintre du réel cinématographique Benning n'a de cesse, d'un film à l'autre, d'installer la durée au coeur du plan jusqu'à en régir la dynamique, le rythme et la beauté. Il en résulte une Oeuvre exigeante composée de films arides et contemplatifs, de longs plans fixes à travers lesquels se dessinent des mouvances plus ou moins perceptibles, d'images dont le mouvement s'égrène seconde après seconde...


En 35 plans d'une durée identique El Valley Centro est un bel exemple de cinéma désintéressé, tout à fait représentatif du travail de James Benning : capter la durée en la considérant comme le fil conducteur du plan proposé. Filmé pratiquement à hauteur d'Homme El Valley Centro esquisse l'activité prosaïque de l'Amérique profonde, présentant l'industrie, l'agriculture et le progrès technique avec un regard latéral doublé d'un cadre constamment immobile. Le plan du vortex dans lequel s'enfoncent des chutes d'eau, l'image inaugurale du film, demeure significatif du travail rythmique de Benning, de cette combinaison d'une caméra stoïque et d'une réalité changeante... Il faut, pour apprécier a minima El Valley Centro, jouer de patience et d'ouverture d'esprit, mais l'absence, l'ennui et le vagabondage peuvent également construire - en paradoxe - un intérêt certain pour les images.


Sur le plan de la bande-son le film de Benning s'avère également très étudié. Collant parfois parfaitement aux images, parfois amplifiés jusqu'au décalage, les sons de El Valley Centro dessinent également leurs courbes rythmiques, créant par moments certaines choses invisibles dans les vues. L'ensemble du métrage, homogène et conceptuel, constitue une véritable expérience cinématographique, à réserver surtout aux amateurs de cinéma expérimental et aux contemplateurs. Etonnant.

stebbins
7
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le 30 avr. 2015

Critique lue 278 fois

stebbins

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