Men Have Become Monsters

Il va être difficile pour moi d'aborder le cas Elephant, tant je l'ai profondément détesté. La première heure fut pourtant très bien. Au commencement de cette tragique journée, l'on suit le parcours d'une poignée d'adolescents. Leurs allées et venues. Leurs rencontres successives. Pour certains, le lycée est source d'épanouissement, pour d'autres, elle engendre névroses et mal-être. Le montage éclaté, non chronologique et pourtant si clair, se révèle efficace, toujours approprié, jamais tape à l'oeil. De cela en résulte un véritable sentiment de communauté, laissant entendre que l'on en fait partie... L'aspect documentaire (simple en apparence) de la réalisation -
caméra collée aux personnages, le format 4:3 - le confirme. Mais non. La fin nous rappelle que l'on reste de simples spectateurs, par conséquent, privés d'interractions avec les images devant nos yeux. Fin que je ne n'arrive pas à digérer, d'une part, en raison de sa violence (les événements actuels n'aident pas...), d'autre part, parce qu'elle n'a rien de cinématographique, sort de nulle part, métamorphose le film - de la fresque adolescente l'on passe à un bas de plafon "le jour où tout a basculé" - et n'a aucun intérêt tant le cinéaste s'obstine à la filmer avec une indifférence gerbante et irresponsable. Que cherches-tu à nous dire Gus Van Sant ? Qu'il y a des tueries ? Que la jeunesse états-unienne est bercée par la violence ? Merci. Mais jeter au cinéma ce qui relève de la télévision, c'est avoir une bien basse estime de son Art.