Second film de David Lynch que cet Elephant Man. Une oeuvre marquante qui ne laissera personne indifférent tant par la qualité de son histoire, de sa réalisation, de son montage ou encore du talent de ses acteurs.
Le scénario, tout d'abord, est basé sur la vie de John Merrick, un homme qui connaît des difformités monstrueuses et qui est exposé dans un cirque telle une bête sans sentiments jusqu'à ce qu'un médecin le prenne sous sa protection. Un récit émouvant d'une petite partie de la vie de cet homme qui ne demande qu'à être respecté en tant qu'être humain. Le moment le plus poignant reste probablement celui où il hurle à la foule: "Je ne suis pas un éléphant. Je ne suis pas un animal. Je suis un être humain... Je suis un homme ". Ou bien encore lorsqu'il finit sa cathédrale avec la musique Adagio for strings de Samuel Barber (Morceau rendu célèbre par le film Platoon quelques années plus tard).
Ensuite, la réalisation de David Lynch est parfaite en tout point. Celui-ci maîtrise parfaitement le rendu du noir et blanc. Choix que l'on pourrait appeler d'atypique puisque tous les films sont faits en couleur. Cependant, on peut peut-être le justifier par une envie de se démarquer ou alors une volonté de le faire en noir et blanc en donnant un aspect "vieux" à l'oeuvre car l'histoire se déroule au 19ème siècle. On sent également énormément de respect de la part de David Lynch envers John Merrick. Il y a tout d'abord cette volonté de ne pas montrer le visage que l'homme possédait (également pour ne pas choquer trop vite le spectateur) et de petit à petit être pris de compassion pour le jeune homme. Le visage est montré un peu plus tard dans le film. Malgré le fait que son physique nous rebute, nous apprécions réellement cette personne qui ne demande qu'à apprendre, qui est cultivé, intelligent et sensible. C'est avec dégoût que nous assistons alors à l'humiliation que Merrick subit ensuite. Treves (Anthony Hopkins) aura alors une très belle phrase contre celui qui est à l'origine de cela: "Ce n'est pas lui le monstre. C'est vous!"
Une démonstration que le physique ne résume pas un homme mais qu'un état d'esprit peut parfois être bien pire que ce que l'on voit en apparence.
Enfin, on a pu constater que Lynch était un adepte du montage parallèle pour ce film essentiellement dans les scènes où Merrick s'imagine voir sa mère violée par des éléphants... Une façon aussi de tromper le spectateur qui pourrait considérer la personne comme bête avec un raisonnement aussi simpliste et naïf.
Ensuite, il y a deux acteurs principaux qui sont vraiment phénoménaux! Anthony Hopkins d'abord qui m'a réellement épaté. N'étant pas fan de cet acteur (peut-être parce que je n'ai pas vu les meilleures choses), j'avais quelques craintes mais j'ai réellement été bluffé et de ce que j'ai vu comme films avec lui, il s'agit de sa meilleure prestation. Mais au fond, la performance la plus spectaculaire revient à John Hurt, qui possède la lourde tâche de jouer l'homme-éléphant. Des heures de maquillage pour pouvoir ressembler presque trait pour trait à Merrick (Les maquilleurs se sont basés des moulages de la tête de Merrick effectués après la mort de ce dernier). C'est par lui que doivent passer toutes les émotions du personnage, ses envies, ses craintes,... On peut également souligner le rôle tenu par Anne Bancroft (décédée le 8 juin 2005). Enfin, un dernier mot pour la musique de John Morris qui est somptueuse.
Un film marquant sans aucun doute, qui ne laisse pas de marbre. Un oeuvre fantastique signée par un Lynch encore à ses débuts mais qui s'installe petit à petit comme l'un des plus grands de sa génération...