Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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Comme à chaque fois, Verhoeven doit bien rigoler en voyant la critique et les badauds s'échiner à disséquer ses films, à les surinterpréter, ou à les vilipender. Car de la même manière que Starship Troopers n'était pas un film de SF guerrier pro-impérial, pas plus que Robocop était un actioner 80's traditionnel, Elle n'est pas un film d'auteur au sens "noble" du terme.
Cette noblesse de caste, Verhoeven s'en fout, lui qui a trempé dans les studios hollywoodiens plus souvent qu'à son tour, lui qui a fait tourner Schwarzy et s'est régulièrement fait allumer par tout ce que cette terre compte de cul-serrés. Comme d'habitude, épiant le spectateur, il se déguise, prend les atours de sa proie et, tel l'assaillant d'Isabelle Huppert dans le film, s'engage dans un jeu pervers avec lui. Le spectateur est déboussolé, forcément ; choqué, peut-être, par ce Hollandais qui joue le jeu à fond et défonce le genre qu'il aborde en le synthétisant à l'extrême pour le détruire. Celui qui s'attend en s'installant le cœur léger dans la salle, par la foi des acteurs en présence, du genre cité, ou même des critiques tombant toujours dans le panneau, à assister à un ersatz d'Haneke, ne peut en quittant la salle que s'estimer floué, moqué et joué. Et ma foi, tant pis pour lui.
La vérité est que Verhoeven digère le genre rebattu de l'étude de mœurs sexuelles et sociales marronnasse et déprimante, si apte à s'attirer les louanges des festivaliers, pour le faire muter en comédie délirante et infréquentable : car après tout, il s'agit de créer le rire autour d'un éventail de faits divers sordides. Comment cela ? Par le détachement de son personnage principal, par l'amoralité confinant au cocasse de son entourage, par l'absurdité de certaines situations et dialogues, et par le jeu inconsciemment décalé des acteurs. Laurent Laffitte (de la Comédie Française, comme le précise le générique), qui pense sans doute tenir le rôle qui le crédibilisera, est en fait le Casper Van Dien, ou la Elizabeth Berkeley de la farce ; eux aussi pensaient sans doute accéder à la gloire. Quant à Isabelle Huppert (par ailleurs hilarante), sa simple présence dans le premier rôle, de par sa filmographie auteurisante à tendance "choque-mémé", entérine la profession de foi de Elle : rappeler à tous les spectateurs qu'aller voir un film de Paul Verhoeven, c'est accepter de se faire manipuler, de voir sa zone de confort malmenée, et d'aimer ça quand même.
Évidemment les qualités formelles du film crèvent les yeux, et les rappels à la filmographie de Verhoeven (Basic Instinct, forcément), sont aussi là pour montrer que le réalisateur sait aussi s'en prendre à lui-même. Moqueur, le Hollandais, mais pas susceptible ; c'est à ça qu'on le reconnait d'ailleurs.
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Créée
le 2 juin 2016
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